DE LA LUMIÈRE. 3,3
qui la traversent, de manière à les tourner dans cette direction.
Aussi, lorsqu’on présente ces plaques à un rayon polarisé, dont
le plan de polarisation est perpendiculaire à leur axe, elles le
transmettent; mais si ce plan est parallèle à leur axe, elles
arrêtent le rayon en totalité. En allant de la première position
à la seconde, la transmission s’affaiblit graduellement à me
sure qu’on tourne la plaque , l’incidence restant toujours per
pendiculaire. De là il résulte que, si l’on superpose deux de ces
plaques de manière que leurs axes soient croisés à angles
droits, le point de croisement est toujours opaque, quelle que
soit l’espèce de la lumière incidente et les modifications qu’on
lui ait préalablement imprimées ; car la seconde plaque arrête
nécessairement les rayons que la première a transmis.
Ces phénomènes n’ont lieu qu’autant que l’épaisseur des
plaques excède certaines limites d’épaisseur, qui diffèrent selon
leur limpidité et l’intensité de la lumière à laquelle on les
expose. En les amincissant davantage , elles commencent à
transmettre quelques rayons polarisés suivant leur axe ; enfin ,
à des épaisseurs moindres encore, elles transmettent ces rayons
presque aussi bien que les autres , et elles rentrent alors dans
les lois ordinaires des autres cristaux doués de la double
réfraction.
En reprenant le prisme de tourmaline achromatisé qui nous
a servi dans nos premières expériences, on y découvre une
autre propriété fort remarquable ; c’est que les deux images
d’un objet blanc, vues à travers sa partie la plus mince, ne sont
pas de même couleur. L’ordinaire , celle qui doit disparaître à
de plus grandes épaisseurs, est vert jaunâtre, et l’extraordi
naire, qui doit persister, est sensiblement blanche. On peut
faire cette expérience sur la lumière blanche des nuées pola
risée par réflexion sur un verre noir, ou sur la lumière rayon
nante d’une épingle blanche : l’effet est toujours le même. La
blancheur de l’image persistante, quand l'autre est déjà co
lorée , montre que ce phénomène ne provient pas d’une inégale
répartition des molécules lumineuses entre les deux réfractions,
ordinaire, extraordinaire, comme on pourrait être tenté de le