3 8 THÉORIE DES COULEURS
Yoilà pourquoi les couleurs des anneaux s’étalent et deviennent
plus distinctes quand on les regarde plus obliquement.
On observe aussi une dilatation peu considérable, mais
pourtant sensible , dans le périmètre de la tache centrale quand
on la regarde fort obliquement. Or, lorsqu’elle s’étend ainsi,
elle envahit les parties de la lame d’air, qui, sous l’incidence
perpendiculaire, réfléchissaient la teinte la plus voisine du
noir, c’est-à-dire du blanc. Par conséquent la réflexion sur
la lame d’air devient alors nulle en ces endroits-là, sans que son
épaisseur soit tout-à-fait nulle. D’après cela , quand on regarde
les verres dans toute autre inclinaison quelconque , et même
sous l’incidence perpendiculaire, on doit concevoir que la
transmission totale n’a pas lieu seulement au point précis où
les verres se touchent, mais encore à quelque distance autour
de ce point. Cela explique pourquoi, lorsque les verres super
posés sont très-peu courbes , quelle que soit d’ailleurs la per
fection de leur sphéricité, l’étendue de la tache noire excède
ordinairement de beaucoup celle que l’on peut raisonnable
ment attribuer au point de contact. Ce résultat, minutieux en
apparence, est en effet très-important; car il est directement
contradictoire au système de la propagation de la lumière par
ondulation , la réflexion ne pouvant devenir nulle dans ce
système qu’autant que l’épaisseur devient nulle aussi. C’est ce
qu a bien senti Euler, le plus ardent promoteur de ce sys
tème. Aussi n’a-t-il trouvé d’autre ressource que d'écarter
ce fait, en disant qu’il n’était pas constant, et que Newton
s était peut-être trompé en l’observant (i).
Newton a présenté le l’apport de sin u à sin r sous une forme
un peu différente de celle que nous venons d’adopter; il a pris
sin u = sin /• — a ( sin /■ —• sin i ),
i étant l’angle d’incidence des rayons sur la surface du verre
contiguë à l’air, et a une constante qu’il suppose égale à -¡-Eg-.
Pour rapporter celte forme à la nôtre , il ne faut qu’en éliminer
l’angle d’incidence i. Or cela est très-facile; car si l’on nomme
(i) Essai d une Explication physique des couleurs engendrées sur les
surfaces extrêmement minces, par Euler. Mém. de Eerlin, 1752,