EFFETS DE LA CRÏSTALLISATION
plus bas. Pour faire l’expérience avec exactitude, il est bon
de prendre des plaques exactement de .même contour ; alors,
si elles sont carrées, vous voyez, en les superposant, se
multiplier sur leur surface les lignes colorées, correspondantes
aux divers ordres d’anneaux, la croix noire restant toujours
au milieu, avec la seule différence que ses bras deviennent plus
minces. Dans ce cas, quel que soit le nombre des plaques
superposées, et le sens des côtés que l’on superpose, les
anneaux se multiplient toujours, et les teintes extrêmes des
cendent dans la table de Newton : il en est de même lorsque
des plaques rectangulaires égales ont leurs côtés analogues
superposés ; mais lorsqu’elles sont croisées à angles droits ,
l’opposition de leurs actions produit la fig. 5i , où les lignes
d’égales teintes sont des hyperboles.
Tous ces phénomènes se comprendront aisément , si l’on
considère que le verre est une substance très-élastique, sus
ceptible de se tremper, comme l’acier, par un refroidissement
rapide, ainsique les larmes bataviques nous en offrent l’exemple,
et qui, dans ce cas, offre tous les symptômes d’un état d’a
grégation forcé, où toutes les positions des molécules sont
dépendantes les unes des autres, tellement qu’en dérangeant
quelquefois une seule d’entre elles , toutes les autres se désu
nissent aussitôt avec explosion. Ce phénomène , si connu dans
les larmes bataviques , est encore très-sensible dans les plaques
de verre qui, après avoir été chauffées jusqu’au rouge, ont
été posées par la tranche sur une masse métallique froide ; car
elles se trempent tellement par cette opération, qu’elles en
deviennent dures, cassantes, et qu’on ne peut presque plus
parvenir à les travailler sans qu’elles se brisent avec explosion.
Si donc , dans l’état ordinaire d’agrégation qu’un refroidisse
ment lent peut produire , les actions polarisantes successives de
toutes les particules du verre se compensent sur un rayon qui
traverse leur système, elles pourront ne plus se compenser
quand on y substituera l’état forcé dont nous venons de
parler ; et alors il devra en résulter tous les phénomènes de
la polarisation mobile, avec une intensité plus ou moins vive,
selon la régularité plus ou moins parfaite de l’agrégation.