CALORIQUE LATENT.
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reil à quelques degrés, 5 ou 6, par exemple, au-dessous de
celle de l’atmosplière environnante, que nous désignerons
par (t) ; puis il commence à y introduire les produits qu’il
veut soumettre à l’expérience. Ceux-ci, en se refroidissant dans
le serpentin, lui communiquent de la chaleur, qu’il partage
avec l’eau dans laquelle ses replis s’étendent. Tant que cette
eau n’a pas atteint la température (t) de l’air extérieur, elle
reçoit des corps environnans plus de calorique qu’elle ne leur
en envoie ; elle est réellement chauffée par eux. Mais le con
traire a lieu quand elle a dépassé cette température ; alors elle
envoie plus de calorique qu’elle n’en reçoit en temps égal, et
c’est elle qui chauffe les corps environnans. Donc, si l’on sup
pose l’opération conduite de manière qu’il se passe autant de
temps dans un de ces états que dans l’autre, il y aura com
pensation dans les échanges, et la quantité de calorique rete
nue par le calorimètre sera exactement la même que s’il n’eût
ni reçu du dehors, ni émis de la chaleur. C’est ainsi que
Rumford a opéré, et le succès de ses expériences est dû, sans
doute en très-grande partie, à cette ingénieuse précaution.
Pour appliquer ceci à la condensation de la vapeur aqueuse,
Rumford fit bouillir une quantité connue d’eau dans un malras
à long col, qui se recourbait sous la bouche du serpentin.
L’extrémité de ce col communiquait au serpentin par l’inter
médiaire d un bouchon de liège très-juste, percé dans sa partie
supérieure de quatre petits trous horizontaux, qui s’élevaient
un peu au-dessus du fond plat du serpentin. De celte ma
nière, la vapeur, qui se condensait en sortant des trous, tombait
sur ce fond, et n’empêchait pas de nouvelle vapeur d’arriver
par les trous. Le malras était chauffé par un petit fourneau
portatif assez éloigné du calorimètre, et masqué par divers
écrans. Le poids de la vapeur condensée fut déduit de celui
du matras, observé avant et après l’opération, qui durait en
général 10 ou 11 minutes. Néanmoins, avant de commencer,
on taisait toujours bouillir l’eau dans le matras pour en chasser
l’air qui pouvait y être contenu.
Voici maintenant les résultats donnés par deux expériences