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6^ THEORIE DES COULEURS
On peut vérifier avec la plus grande facilité toutes ces indi
cations de la théorie, en observant les couleurs qui se déve
loppent dans les bulles d’eau savonneuse, tant par réflexion
que par transmission ; mais pour pouvoir les suivre dans tous
leurs détails, il faut former ces bulles comme je l’ai expliqué
page 34, en les soufflant dans un vase fermé, et les laissant
pendre au bout du tube avec lequel on les a soufflées. Cette
disposition les faisant subsister des heures entières, leur permet
de passer progressivement par toutes les variétés d’épaisseur
et toutes les diversités de coloration ; mais on peut encore amélio
rer le procédé en soufflant l’une au-dessus de l’autre deux bulles
séparées par une lame d’eau très-mince , comme le représente
ïa figure i4. Pour cela , quand on a formé une première bulle,
on porte avec le doigt à l’orifice supérieur du tube une petite
goutte d’eau, qui descend bientôt jusqu’à l’autre orifice. On
souffle doucement cette eau, et il en résulte une seconde bulle
adhérente à la première. La cloison aqueuse qui les sépare est
pour l’ordinaire presque plane, et plus ou moins inclinée à
l’horizon. Cette obliquité déterminant l’écoulement de l’eau
qui la forme , la face s’amincit de plus en plus avec le temps ,
et s’amincit davantage dans sa partie la plus haute. De là résulte
une succession de larges bandes colorées de toutes les teintes
des anneaux, qui, paraissant d’abord dans le haut de la lame,
descendent graduellement vers le bas , en développant de plus
en plus la richesse de leurs teintes , et, dans leur formation
successive aussi bien que dans leurs changemens divers , pré
sentent toutes les variétés de coloration que la théorie nous a
tout-à-l’heure indiquées.
Jusqu’ici, nous n’avons considéré que l’ordre et l’espèce des
couleurs simples qui sont réfléchies ou transmises à chaque
épaisseur. Pour recomposer pleinement le phénomène, il faut
déterminer la nature des teintes qui résultent de ces mélanges.
Cela exige que l’on connaisse la loi suivant laquelle l’intensité
de la réflexion varie dans l’étendue de chaque anneau simple ;
car ces intensités étant connues , la composition des couleurs
peut s’en déduire par le procédé expliqué page 45 1 du volume