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THÉORIE MÉCANIQUE DE LA LUMIÈRE : RÉSISTANCE
et de Physique ( 1 ). Notre grand physicien Fizeau la regarda aussi,
dès lors, comme très fondée et très suggestive. Quelques années après,
des savants éminents, surtout en Allemagne, mais aussi en France, la
reprirent, en l’étendant même aux milieux absorbants (car je m’y étais
borné aux cas de transparence parfaite), et ils lui demandèrent des
points de départ ou des vues simples pour leurs travaux d’optique
physique, dont elle a inspiré ainsi un certain nombre. Pendant ce
temps, je me trouvais moi-même absorbé par des recherches apparte
nant à de tout autres champs de la Mécanique ou de la Physique
mathématique; en sorte que je n’ai pu revenir aux ondes lumineuses,
et encore seulement d’une manière accidentelle, qu’après un intervalle
de vingt ans, en 1893 ( 2 ).
C’est à la sollicitation de l’un de nos physiciens-géomètres les plus
actifs et les plus clairs, M. Carvallo, dont les recherches optiques,
tant théoriques qu’expérimentales, sont le type de la précision, que
je suis ainsi revenu à mon étude première, pour y apporter un complé
ment nécessité par les mesures relativement récentes des indices, ou
des vitesses de propagation, des radiations infra-rouges, à périodes
beaucoup plus longues que celles des radiations visibles; et j’ai reconnu
facilement que les actions de la matière pondérable sur l’éther, exer
cées aux distances intermoléculaires, ne sont pas totalement négli
geables dans les équations du mouvement vibratoire de l’éther, mais
qu’elles y introduisent justement les petits termes, proportionnels aux
déplacements mêmes de celui-ci, reconnus par M. Carvallo nécessaires
pour expliquer les vitesses effectives de propagation des radiations
infra-rouges.
Comme je ne sais s’il me sera jamais donné de publier ailleurs l’en
semble des résultats, plus ou moins probables, de mes réflexions sur
ce sujet des ondes lumineuses, exceptionnellement délicat, où est si
thèse, auquel je substituai le Mémoire, Sur la propagation de la chaleur dans
les cristaux, qui est devenu ma thèse effective. Et c’est seulement après mon
examen de doctorat (du i3 mai 1867) que j’ai pu, vers le milieu de 1867, m’oc
cuper de la publication des autres Mémoires dont j’étais déjà en possession : on
les trouve, pour la plupart, résumés dans les Comptes rendus du second semestre
de 1867 et imprimés dans le Journal de Mathématiques pures et appliquées
de 1868.
( 1 ) Sur les diverses manières de présenter la théorie des ondes lumineuses,
par M. de Saint-Venant, membre de l’Institut.
( 2 ) Introduction naturelle de termes proportionnels aux déplacements de
l’ether, dans les équations de mouvement des ondes lumineuses, et considéra
tions diverses sur la théorie de ces ondes ( Comptes rendus de l'Académie des
Sciences, t. CXYII, p. 80, 138 et ig3; 10, 17 et 24 juillet 1893).