IMMOBILITÉ ET IMPONDÉRABILITÉ DE l’ÉTHER. 3g5
ce même temps — après le premier bout, temps pendant lequel le
w
tube, entraîné par la Terre, a avancé de V — • Le bout inférieur doit
w
donc, en projection sur la trajectoire terrestre, être à la distance V —
en arrière du premier : ce qui exige bien que l’axe du tube, ligne de
visée d’après laquelle nous fixons ou notons la situation angulaire de
l’astre, fasse avec la direction du rayon lumineux normal aux ondes
V
le petit angle — •
1 CO
Même quand nous observons l’astre sans aucun tube, nous devons
évidemment incliner d’un très petit angle (inappréciable, il est vrai)
du côté où se fait le déplacement instantané de la Terre, l’axe de
notre œil. Car, sans cette aberration, les ondes entrées par la pupille
n’arriveraient pas au fond de l’œil sur l’axe même, et n’y produiraient
pas l’impression qui nous fait juger la direction des objets en coïn
cidence avec celle de l’axe, dont les rotations nous sont immédiate
ment perceptibles.
On est donc conduit à penser que l’éther n’éprouve pas, dans l’es
pace, des déplacements d’ensemble atteignant des volumes finis de
sa matière, et qui soient, pour la vitesse, comparables aux transla
tions des astres. Il entoure et pénètre les objets terrestres, sans être
sensiblement entraîné par eux, pas plus ou même bien moins que ne
l’est, suivant une comparaison familière aux physiciens astronomes,
l’air au milieu duquel on promène un filet à larges mailles (*).
(') Impondérabilité de l’éther. — Toutefois, cela ne suffirait pas pour per
mettre d’attribuer à l’éther interplanétaire, ni, par conséquent, à celui qui nous
touche, des vitesses de translation négligeables autour du Soleil; car cet éther,
du moins près du Soleil, obéirait sans doute aux lois de Képler, s’il n’était pas
impondérable, ou si sa gravité n’était pas nulle. Il faut donc encore qu’il soit
dépourvu de pesanteur.
On peut voir, dans une Etude, que j’ai publiée en 1879, sur divers points de
la Philosophie des Sciences (p. 69), et dans la troisième de mes Leçons syn
thétiques de Mécanique générale (de 1889), comment s’explique la constance
de la pesanteur pour tous les corps de notre système solaire ou même stellaire,
sans qu’on ait besoin de faire de cette constance une loi générale de la NaLure,
mais par une sélection inévitable, qui n’aurait maintenu dans le système et laissé
participer à ses mouvements, à l’époque où il était une nébuleuse très diluée, sous
traite par sa raréfaction aux actions moléculaires, que des substances gravitant
également. Au contraire, toutes les autres auraient été, à cette époque, disper
sées par la pesanteur elle-même dans des systèmes stellaires différents, à l’ex
ception des matières insensibles à la pesanteur ou ayant leur gravitation nulle,