DISPERSION ANOMALE CHEZ LES SPECTRES A RAIES.
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raie. C’est par lui qu’il convient de commencer; car l’anomalie de
dispersion, s’y produisant seulement pour ces radiations à périodes t
peu différentes de t 0 , y est exceptionnelle et n’empêche pas les lois
ordinaires de s’appliquer dans presque toute l’étendue du spectre.
Si l’on appelle N 0 l’indice moyen de réfraction pour les radiations
dont les périodes diffèrent un peu de t 0 , et K une petite constante
spéciale à chaque raie, l’anomalie dont il s’agit ici consiste en ce que
le carré de l’indice de réfraction, pour les radiations non éteintes,
mais à période t voisine de t 0 , admet très sensiblement la formule
Donc, sauf pour les rayons absorbés qui annulent presque le dénomi
nateur t 2 — t 2 et au sujet desquels l’observation optique est muette,
la valeur de N 2 décroît rapidement quand t grandit, tant d’un côté
que de l’autre de la raie obscure; et elle diffère sensiblement de N 2 ,
dans les deux sens, pour les radiations les plus voisines de celles qui
ne sont pas transmises ( 1 ).
Il est naturel de chercher la raison de la formule (207) dans l’exi
stence môme de la raie obscure, c’est-à-dire dans le fait d’actions inté
rieures delà matière pondérable expérimentée, aptes à faire emmaga
siner par elle l’énergie vibratoire de période t 0 . Or il est bien connu
que la force propre à entretenir chez un point matériel, de masse M,
faisant partie de cette matière, des déplacements pendulaires 8' de
période t 0 , doit être, au moins d’une manière approchée, dirigée vers la
situation moyenne ou d’équilibre du point et égale, en valeur absolue,
précision avec laquelle est indiquée cette période t 0 : car l’extinction
tient vraisemblablement à la perte de la forme linéaire par les équa
tions du mouvement, ou à l’entrée en jeu, dans ces équations, des
termes de degré supérieur qu’amène l’exagération des amplitudes;
exagération due elle-même, comme on sait, au synchronisme presque
absolu du mouvement introduit dans le système avec son mouvement
l 1 ) C’est ce que les physiciens savent depuis diverses expériences de Kundt,
mais surtout depuis celles de M. Henri Becquerel sur la dispersion anomale
d’une flamme colorée par du sel marin, et dont on examine le pouvoir réfringent
pour les radiations voisines des deux raies jaunes du sodium ( Comptes rendus
de l’Académie des Sciences de Paris, 5 décembre 1898 et 16 janvier »899,
t. CXXVII, p. 899, et t. CXXVIII, p. i45).