COMPARAISON DES SENSATIONS AUDITIVES ET VISUELLES.
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Toutefois, les divers avantages de la vue sont, peut-être, largement
compensés, pour l’ouïe, par la simultanéité de transmission, dans
l’air, de tous les sons d’amplitude modérée produits ensemble, qui
rend possible, ou indépendante de la distance, cette sorte de per
ception des formes simples composant un mode de vibration, qu’est
le sentiment de Tharmonie ( 1 ). Faut-il expliquer par celui-ci non
seulement la variété, tant syllabique que symphonique, mais aussi la
puissance, la profondeur, la vivacité incomparables des impressions
que sont susceptibles de produire en nous le langage et la musique?
11 serait bien difficile de le dire.
100. Étendue très restreinte de l’échelle des périodes, pour les
radiations visibles. — Une raison un peu autre que l’extinction ra
pide, par les milieux extérieurs, des harmoniques de chaque radiation
principale émise, peut encore expliquer pourquoi, en Optique, ces
harmonique* sont loin d’avoir un rôle aussi considérable ou aussi
apparent qu’en Acoustique. Elle consiste en ce que toute l’échelle des
lumières simples perçues par notre œil, depuis le rouge sombre jus
qu’au violet extrême, n’atteint pas une octave complète. Il suffit donc
que nous apercevions la partie fondamentale d’une radiation émise
par un corps, pour que toute période sous-multiple de la sienne, c’est-
à-dire la période d’une quelconque des radiations harmoniques, sorte
des limites de notre sensibilité visuelle. Et la même exclusion s’ap
plique à la radiation fondamentale dont nous apercevrions la première
harmonique, celle dont la période est moitié de la sienne; en sorte
que des harmoniques de radiations nous échappant pourraient, seules,
impressionner simultanément notre rétine dans son mode spécial de
fonctionnement, qui constitue la vision. Or il est naturel que leur
intensité soit faible, en raison même de leur éloignement relatif dans
la série dont elles font partie. D’ailleurs, s’il arrive, plus ou moins
exceptionnellement, que cette intensité soit notable, elles se com
portent, sans doute, comme tout autant de radiations distinctes et
nous échappent en tant que coharmoniques.
Le peu de longueur de l’échelle des périodes affectant la vue tient-
il à ce que notre clavier optique n’aurait pas assez de touches,
c’est-à-dire, notre rétine, assez d’organes élémentaires à périodes
(!) Pour que l’harmonie d’uu orchestre, par exemple, puisse être perçue, il
faut, en effet (et c’est à peine nécessaire de le rappeler ici) que l’oreille soit im
pressionnée au même instant par les sons de l’orchestre émis ensemble, et non
par ceux qui l’auraient été successivement.
B. — II.
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