Iü8 MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
destinés aux mêmes lecteurs que le Manuel de Domninos. Nico
maque n’est pas un mathématicien, et l’on aurait tort de le traiter
comme tel : c’est un philosophe qui parle d’Arithmétique en
s’adressant à des étudiants en Philosophie; ce qui grossit son
Ouvrage, ce sont surtout des digressions, en réalité étrangères
à la Science.
Nesselmann, qui l’a au reste sérieusement étudié {Die Algebra
der Griechen, p. 187-223), porte sur lui un jugement trop favo
rable. Je ne puis, pour ma part, voir aucun progrès réel, au point
de vue scientifique, dans l’abandon de l’appareil géométrique des
Livres arithmétiques d’Euclide, quand cet abandon entraîne celui
de toute démonstration et quand la théorie est systématiquement
réduite au procédé de généralisation par simple induction. Je ne
puis admettre aucune originalité propre, en tant que mathéma
ticien, dans un auteur qui se laisse aller à des puérilités dont il
me suffira de citer un seul exemple pour le classer comme un
maladroit compilateur.
Après avoir défini la médiété sous-contraire à l’harmonique,
c’est-à-dire la relation de trois nombres a >> b> c, tels que
a b — c
c a — 6’
Nicomaque ajoute : « il faut remarquer la propriété qui appar
tient à cette médiété, à savoir que le produit du plus grand terme
par le moyen y est double du produit du moyen terme par le
plus petit 1 . »
1. Ed. Hoche, p. i4i, 1. 16 et suiv. Nicomaque induit cette relation du cas
tout particulier de la médiété qu’il donne pour exemple : 3.5.6, sans s’aper
cevoir que la prétendue propriété qu’il énonce revient simplement à supposer
a zz 2 c. Pour la médiété suivante (cinquième), il tombe dans la même absur
dité.