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DOMNINOS DE LARISSA.
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revient après lui à la suite de la distinction établie entre Vhétéro-
mèque et le promèque.
Mais ce que Jamblique nous permet de constater, c’est que la
théorie qui a donné lieu à cette distinction est bien antérieure et
remonte très probablement au delà de Théétète. il nous apprend
en effet que :
i° Les anciens appelaient semblables les nombres carrés, et
dissemblables (àvop.otoi) les hétéromèques de Nicomaque ; comme
d’ailleurs il en expose toute la théorie en employant ces anciens
termes, il est probable qu’il avait sous les yeux une source véri
tablement ancienne ;
2° Les anciens se servaient du mot hétèromèque en Arithmé
tique dans un tout autre sens. Ils désignaient ainsi, dit-il, les
nombres pairs,, et ils appelaient amphùnèqiies les nombres im
pairs; la raison qu’il donne de cette terminologie est la suivante :
un nombre pair se partage soit en deux nombres impairs, soit
en deux nombres pairs, de façon à ne présenter dans la division
qu’une des deux espèces de longueurs dans les nombres; le nom
bre impair présente au contraire les deux espèces : il se partage
en un pair et un impair.
Je laisse à discuter si cette donnée est de tous points accep
table, et si Jamblique n’a pas fait quelque confusion ; l’inversion
des épithètes me semblerait plus conforme au génie de la langue
grecque, surtout si l’on rapproche de cet ordre d’idées un passage
de VEuthyphron (12 d) de Platon :
« Si tu me demandais, par exemple, quelle partie du nombre
est le pair, quelle sorte de nombre c’est, je te dirais que c’est
celui qui n’est pas scalène, mais tsoscèle. »
(Extrait du Bulletin des Sciences mathématiques, 2 e série, t. VIII,
1884, pp. 288-298.)