MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
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citations celles dont la tendance est seulement philosophique,
comme celles qui se rapportent au rôle des idées d’unité et de
dualité, et j’étudierai en second lieu celles dont le caractère est
plus purement scientifique, et qui nous seront surtout fournies
par Jamblique.
II.
Quand on parle de citations d’anciens pythagoriciens, on ne
peut ajouter foi à celles qui remontent à une époque antérieure
à celle de Philolaos, puisque la tradition constante de l’antiquité
est qu’il fut le premier qui, dans son ouvrage Sur la Nature,
exposa les doctrines de l’Ecole, jusque-là réservées au cercle des
initiés, et que, d’autre part, il est certain que, dans cette exposi
tion, il s’écarta singulièrement des conceptions primitives. Il est
toutefois à remarquer que la tradition attribue soit à Pythagore,
soit à ses disciples immédiats, la rédaction de poèmes mis sous le
nom d’Orphée, et que l’ensemble de ces poèmes, en écartant les
interpolations et falsifications de date récente, et dues surtout à
des gnostiques chrétiens, remonte incontestablement aux sixième
et cinquième siècles avant J.-C.
On ne peut donc négliger absolument les citations des Théolo-
goumènes (VI et IX), d’après lesquelles :
i° Les pythagoriciens, suivant les traces d’Orphée, appelaient
l’hexade holomélie, ce qui paraît se rapporter à la propriété du
nombre 6, en tant que parfait, d’être égal à la somme de ses
parties aliquotes ;
2° Orphée et Pythagore ont particulièrement appelé l’ennéade
Kourètide, Hypèrion, Terpsichore. Ici nous sommes en plein mys
ticisme, et nous rencontrons cette synonymie singulière, qui se