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MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
taine connaissance de la géométrie. Rien n’était donc plus indiqué
que d’en destiner les copies à une autre classe de lecteurs.
Le titre donné par Théon à son ouvrage ne doit pas, au reste,
faire illusion. On y chercherait vainement une explication d’un seul
des passages de Platon pour l’intelligence desquels les mathéma
tiques sont nécessaires; on n’a sous la main qu’un ouvrage élé
mentaire, ce que les anciens appelaient une elaxywyyi, destiné à
former le bagage scientifique des étudiants en philosophie, et il
n'a de particulièrement platonisant que l’introduction générale
sur l’utilité des mathématiques et quelques remarques acciden
telles.
Nous possédons plusieurs autres introductions semblables pour
l’arithmétique, la musique et l'astronomie (ou plutôt la cosmo
graphie); elles ont été écrites soit un peu avant l’ouvrage de
Théon, soit vers la même époque ; ce genre répondait donc à un
besoin réel du temps. Mais pour la géométrie, il ne nous reste
aucun travail analogue 1 , et, s’il en a certainement existé dans
l’antiquité, on doit croire au moins qu’ils n’ont jamais eu la même
vogue et qu’Euclide est toujours resté l’auteur élémentaire clas
sique.
Théon avait-il cependant traité de la géométrie en même temps
que des trois autres sciences dont elle était considérée comme la
sœur depuis les Pythagoriciens? Avait-il, en résumant toutes les
connaissances mathématiques élémentaires, devancé les Byzantins
comme le pseudo-Psellus ou George Pachymère? On l’a cru,
d’après un passage du début de son livre où il annonce expressé
ment qu’il se propose d'embrasser l’ensemble complet, p.a.ÔY)p.om- i.
i. Les fragments attribués à Héron ont un autre caractère; ils visent l’en
seignement pratique. Héron est, d’ailleurs, au plus tôt contemporain de
Théon, si celui-ci vivait au commencement du deuxième siècle de noire
ère.