478 MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
personnelle, notamment ses Porismes où, d’après la divination
de Chasles, il aurait devancé les recherches modernes de géomé
trie supérieure ; c’est aussi à Alexandrie qu’un siècle environ
après Euclide, Apollonius de Perge, le grand géomètre, rédige
ses Coniques, où il reprend et transforme la théorie de ces cour
bes, et que dans d’autres ouvrages très nombreux, mais malheu
reusement perdus, il aborde les recherches les plus diverses.
En dehors d’Alexandrie, 011 ne trouve guère qu’un seul mathé
maticien ; à la vérité, c’est Archimède, dont la plupart des écrits
géométriques semblent heureusement nous avoir été conservés et
permettent d’apprécier pleinement le génie extraordinaire. Mais
à côté des noms que nous ne pouvions ne pas citer, l’école
d’Alexandrie en présente, comme auparavant celle d’Athènes,
nombre d'autres plus ou moins marquants, qui attestent la puis
sante vitalité de la science.
Vers le milieu du deuxième siècle avant notre ère, le mouve
ment en avant semble arrêté ; les génies créateurs font défaut,
le nombre des géomètres paraît diminuer. Sous la domination
romaine, l’enseignement de la science reste en honneur, mais il
prend de plus en plus un caractère classique et, sauf à Alexan
drie, semble en général devenir superficiel. Surtout chez les
Romains, on se contente d’apprendre par cœur les définitions et
les énoncés des propositions, et c’est ainsi que peu à peu se forma
cette légende qui eut cours pendant le Moyen âge et que quel
ques érudits de la Renaissance accueillirent aveuglément, à savoir
qu’Euclide aurait composé seulement les énoncés des proposi
tions, que les démonstrations auraient été ajoutées (comme com
mentaires) par Théon d’Alexandrie (fin du quatrième siècle). Ce
dernier, en réalité, s’était borné à donner une nouvelle édition
des Eléments, en y apportant quelques légers changements.
Il y a d’autre part, à la même époque, une tendance à consti