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MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
que l’autre est pris dans l’art de bâtir, ce qui, de sa part, est
incontestablement beaucoup plus naturel.
Cette circonstance suffirait pour faire soupçonner une fausse
interprétation des deux mots dont on n’a pas d’autres exemples ;
la moindre réflexion montre d’autre part que la traduction bandes
de franges est tout à fait inadmissible.
L’autorité de Letronne est sans contredit Ducang’e : « 2xqut^w<uç,
scutulatio, vestis prætextura, instita, ornatura in ima parte vestis. »
D’autre part, pour orpo^nAoi, dans ce passagæ, il indique le sens
« vittæ ». Mais comment peut-on dire que des « vittæ in institis »
se paient au métrag-e courant? Comment, avec l’interprétation de
Ducang’e, Héron n’aurait-il pas simplement dit : wraep ai cdcoutIwcsi;?
Mais instita n’est qu’une addition faite par Ducang’e à l’expli
cation donnée par Saumaise 1 , auquel il faut remonter. C’est lui
qui le premier a dit assez yag’uement pour « quasdam
vestium prætexturas » et a ajouté : c( orpocptoloi Heroni sunt fasciæ
vel vittæ quibus vestium extremitates prætexuntur. » Si Saumaise
est ainsi le premier fauteur d’une explication qui ne me semble
pas pouvoir être défendue, il ne l’appuie d’ailleurs que sur des
arguments tout à fait insuffisants. S’il rapproche très ing-énieuse-
ment <7/.oÜT^cocnç du terme latin scutulatæ vestes, qui se trouve déjà
dans la lang-ue du premier siècle de notre ère, il soutient que
scutula correspond exclusivement au grec <mnraV/] et serait par
suite un synonyme de virga. Par conséquent, scutulatæ vestes
aurait le même sens que virgatœ vestes. On ne voit pas comment
il passe, de ce sens « d’étoffes rayées », à celui qu’il donne à
ctxoutXcogsiç, pourquoi il admet que les virgœne sont qu’en bordure.
On a rejeté à bon droit l’interprétation que Saumaise a donnée i.
i. T. II, p. 4o5 de son édition des Historiée Augustæ scriptores, Paris,
1620.