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MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
n’avait pas expressément assigné l’angle à la catégorie de la qua
lité, et que c’est uniquement par une déduction plus ou moins
légitime qu’on lui a attribué une opinion déterminée sur une
question soulevée bien après lui.
C’est également en raison du caractère de cette question que je
préfère reconnaître, dans le Plutarque mentionné par Proclus,
plutôt le maître de Syrianus que le célèbre polygraphe de Ché-
ronée, dans les Fragmenta incerta duquel le passage précité
figure sous le n° 88 (édit. Didot). En tout cas, l’absence de l’eth
nique, dans Proclus, ne permet pas de supposer qu’il s’agisse d’un
troisième personnage.
C’est, enfin, toujours pour la même raison que je regarde,
d’après ce passage de Proclus, Carpos d’Antioche comme posté
rieur à Geminus. Au contraire, je n’attache pas d’importance
majeure ni au fait que Carpos est mentionné en dernier lieu, ni à
la circonstance que je considère comme probable, celle de l’em
prunt de tout le passage à Syrianus. Car, d’un côté, l’ordre chro
nologique réellement suivi est celui-ci : Eudème, Euclide, Apollo
nius, Carpos; d’autre part, tout en ajoutant*Plutarque, Syrianus
aurait très bien pu utiliser Geminus, au moins autant que l’a fait
Proclus.
Mais si, dans la phrase relative cà Carpos, K. Tittel signale
l’expression rcapa&o^ÔTaTov (.Proclus, p. 126, 5) comme une marque
d’origine stoïcienne, je ne puis en aucune façon considérer comme
démontré pour cela que Syrianus ait réellement compilé Geminus
en cet endroit. Le terme n’est évidemment pas assez caractéris
tique, et, si Geminus paraît l’avoir employé assez fréquemment,
c’est à l’occasion de vérités mathématiques incontestables, quoique
singulières à première vue. Ici, au contraire, Proclus s’en sert
pour qualifier une opinion qu’il rejette absolument.