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MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
tirer d’une autre source ce qu’il dit de Carpos, et cette source
peut être simplement un scholie sur Archimède, où le titre de
l’ouvrage cité n’était pas donné.
En tout cas, l’assertion de Carpos n’est point révoquée en doute
par Pappus, et il n’y a pas lieu de la considérer, avec K. Tittel,
comme erronée. Carpos a nié l’existence d’ouvrages d’Archimède
touchant la mécanique pratique, snuf celui qui décrivait la cons
truction de la célèbre sphère du Syracusain. Il pouvait très bien
considérer comme géométriques les écrits d’Archimède sur la sta
tique, d’autant que si lui-même, au témoignage de Pappus, s’atta
chait aux applications de la géométrie, c’était, semble-t-il, en se
maintenant aussi au point de vue théorique.
C’est ainsi que, d’après Jamblique (dans Simplicius in Phys.
Aristot., éd. Diels, p. 60), il avait rattaché la quadrature du
cercle à la description d’une certaine ligne qu’il appelait ex.
xtvvicew; ; suivant toute probabilité, il s’agit de la cycloïde.
En somme, rien ne nous oblige à rapprocher Carpos d’Antioche
de l’école des mécaniciens qui florissait à Alexandrie avant l’ère
chrétienne et dont le caractère est nettement pratique, malgré les
excursions qu’elle a pu faire sur le terrain de la géométrie. Rien
n’empêche qu’il ait vécu au temps de Héron ou un peu après lui,
au premier ou au second siècle de l’ère chrétienne, et c’est ce qui
reste le plus plausible.
(Extrait de la Revue de Philologie, t. XXII, 1898,
PP- 9 3 '97-)