3i. — sur l’authenticité des axiomes d’euclide. 6i
Il reste, dans cette conclusion, un certain nombre d’éléments
hypothétiques; je crois cependant avoir suffisamment montré
l’impossibilité d’attribuer les notions communes à Euclide pour ne
pas avoir besoin de revenir sur ce sujet.
Quant à la question des postulats, elle reste obscure, et je ne
prétends pas la trancher de même; mais j’incline à revenir à la
première opinion que j’ai exposée.
S’il est prouvé que le texte antérieur aux propositions n’a pas
été respecté, il reste possible que les deux derniers postulats aient
été ajoutés aux trois premiers en même temps que l’on rédigeait
les notions communes. Il me semble plus glorieux pour Euclide
de n’avoir formulé que les trois postulats de construction.
Cependant il est clair que les postulats d’Archimède n’ont nul
lement ce caractère constructif, et le fait mérite d’être pris en
considération.
On sera peut-être curieux d’avoir quelques détails sur la signi
fication des termes dVér/î^a et d’â^uo^a dans la langue philoso
phique au temps d’Euclide, telle qu’elle nous apparaît dans
Aristote (Analytica post., I, io) :
« Tout ce qui est démontrable et que l’on prend comme admis
sans le démontrer est une hypothèse, si elle est conforme à l’opi
nion de celui qui reçoit l’enseignement...; si celui-ci n’a pas
d’opinion ou s’il a une opinion contraire, c’est un postulat. C’est
en cela que diffèrent l’hypothèse et le postulat. Le postulat est ce
qui choque l’opinion de celui qui reçoit l’enseignement, ou ce que
l’on prend sans le démontrer et dont on se sert sans l’avoir
prouvé. »
Ce passage montre qu’Euclide a certainement détourné quelque
peu le sens du mot aï-m^a, mais aussi qu’il était employé avant
lui, quoique probablement seulement en dehors des Mathéma
tiques.