Full text: Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance

SUR LA PUISSANCE MOTRICE DU FEU. 
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rang les services rendus à la fabrication du fer, tant par la houille, 
offerte avec abondance et substituée aux bois au moment où ceux-ci 
commençaient à s'épuiser, que par les machines puissantes de toutes 
espèces dont l’emploi de la machine à feu a permis ou facilité l’usage. 
Le fer et le feu sont, comme on le sait, les aliments, les soutiens 
des arts mécaniques. Il n’existe peut-être pas en Angleterre un 
établissement d’industrie dont l’existence ne soit fondée sur l’usage 
de ces agents et qui ne les emploie avec profusion. Enlever aujour 
d’hui à l’Angleterre ses machines à vapeur, ce serait lui ôter à la fois 
la houille et le fer; ce serait tarir toutes ses sources de richesse, 
ruiner tous ses moyens de prospérité; ce serait anéantir cette puis 
sance colossale. La destruction de sa marine, qu’elle regarde comme 
son plus ferme appui, lui serait peut-être moins funeste. 
La navigation sûre et rapide des bâtiments à vapeur peut être 
regardée comme un art entièrement nouveau dû aux machines à feu. 
Déjà cet art a permis l’établissement de communications promptes et 
régulières sur les bras de mer, sur les grands fleuves de l’ancien et 
du nouveau continent. Il a permis de parcourir des régions encore 
sauvages, où naguère on ne pouvait à peine pénétrer; il a permis de 
porter les fruits de la civilisation sur des points du globe où ils 
eussent été attendus encore bien des années. La navigation due aux 
machines à feu rapproche en quelque sorte les unes des autres les 
nations les plus lointaines; elle tend à réunir entre eux les peuples 
de la terre comme s’ils habitaient tous une même contrée. Diminuer en 
effet le temps, les fatigues, les incertitudes et les dangers des voyages, 
n’est-ce pas abréger beaucoup les distances (*)? 
La découverte des machines à feu a dû, comme la plupart des inven 
tions humaines, sa naissance à des essais presque informes, essais qui 
et du fer. L’effet produit, il y a un demi-siècle, par la machine à feu sur les mines d’Angle 
terre se répète aujourd’hui sur les mines d’or et d’argent du nouveau monde, mines dont 
l’exploitation déclinait de jour en jour, principalement à cause de l’insufRsance des moteurs 
employés aux épuisements et à l’extraction des minerais. 
(') Nous disons diminuer les dangers des voyages : en effet, quoique l’emploi de la ma 
chine à feu sur un navire offre quelques dangers, que l’on s’est beaucoup exagérés, ils sont 
compensés et au delà par la faculté de se tenir toujours sur une route frayée et bien connue, 
de résister à l’effort des vents lorsqu’ils poussent le navire contre les côtes, contre les bas- 
fonds ou contre les écueils.
	        
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