RÉFLEXIONS
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fondamentale énoncée page 12, et présenter cette proposition sous une
forme plus générale que nous ne l’avons fait ei-dessus.
Lorsqu’un fluide gazeux est rapidement comprimé, sa température
s’élève; elle s’abaisse au contraire lorsqu’il est rapidement dilaté. C’est
là un des faits les mieux constatés par l’expérience : nous le prendrons
pour base de notre démonstration (*).
( 1 ) Les faits d’expérience qui prouvent le mieux le changement de température des gaz
par la compression ou la dilatation sont les suivants :
i° L’abaissement du thermomètre placé sous le récipient d’une machine pneumatique où
l’on fait le vide. Cet abaissement est très-sensible sur le thermomètre de Bréguet : il peut
aller au delà de 40 à 5o degrés. Le nuage qui se forme dans cette occasion semble devoir
être attribué à la condensation de la vapeur d’eau causée par le refroidissement de l’air;
2 0 L’inflammation de l’amadou dans les briquets dits pneumatiques, qui sont, comme on
sait, de petits corps de pompe où l’on fait éprouver à l’air une compression rapide;
3° L’abaissement du thermomètre placé dans une capacité où, après avoir comprimé de
l’air, on le laisse échapper par l'ouverture d’un robinet;
4° Les résultats d’expériences sur la vitesse du son. M. de Laplace a fait voir que, pour sou
mettre exactement ces résultats à la théorie et au calcul, il fallait admettre réchauffement
de l’air par une compression subite.
Le seul fait qui puisse être opposé à ceux-ci est une expérience de MM. Gay-Lussac et
Welter, décrite dans les Annales cle Chimie et de Physique. Une petite ouverture ayant été
faite à un vaste réservoir d’air comprimé, et la boule d’un thermomètre ayant été présentée
au courant d’air qui sortait par cette ouverture, on n’a pas observé d’abaissement sensible
dans le degré de température marqué par le thermomètre.
On peut donner à ce fait deux explications : i° le frottement de l’air contre les parois de
l’ouverture par laquelle il s’échappe développe peut-être de la chaleur en quantité notable ;
2 0 l’air qui vient toucher immédiatement la boule du thermomètre reprend peut-être par son
choc contre cette boule, ou plutôt par l’effet du détour qu’il est forcé de prendre à sa ren
contre, une densité égale à celle qu’il avait dans le récipient, à peu près comme l’eau d’un
courant s’élève, contre un obstacle fixe, au-dessus de son niveau.
Le changement de température occasionné dans les gaz par le changement de volume
peut être regardé comme l’un des faits les plus importants de la Physique, à cause des nom
breuses conséquences qu’il entraîne, et en même temps comme l’un des plus difficiles à éclair
cir et à mesurer par des expériences décisives. Il semble présenter dans plusieurs circon
stances des anomalies singulières.
N’est-ce pas au refroidissement de l’air par la dilatation qu’il faut attribuer le froid des
régions supérieures de l’atmosphère? Les raisons données jusqu’ici pour expliquer ce froid
sont tout à fait insuffisantes; on a dit que l’air des régions élevées, recevant peu de chaleur
réfléchie par la terre, et rayonnant lui-même vers les espaces célestes, devait perdre du ca
lorique, et que c’était là la cause de son refroidissement; mais cette explication se trouve
détruite si l’on remarque qu’à égale hauteur le froid règne aussi bien et même avec plus
d’intensité sur les plaines élevées que sur le sommet des montagnes ou que dans les parties
d’atmosphère éloignées du sol.