SUR LA PUISSANCE MOTRICE DU FEU.
Le seul moyen de remplir la condition prescrite serait d’agir sur le
corps solide absolument comme nous l’avons fait sur l’air dans les opé
rations décrites p. 17; mais il faudrait pour cela pouvoir produire par
le seul changement de volume du corps solide des changements consi
dérables de température, si du moins l’on voulait utiliser des chutes
considérables du calorique; or c’est ce qui paraît impraticable. Plu
sieurs considérations conduisent en effet à penser que les changements
opérés dans la température des corps solides ou liquides par l’effet de
la compression et de la raréfaction seraient assez faibles.
i° On observe souvent dans les machines (dans les machines à feu
particulièrement) des pièces solides qui supportent des efforts très-
considérables, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, et, quoique ces
efforts soient quelquefois aussi grands que le permette la nature des sub
stances mises en œuvre, les variations de température sont peu sensibles.
2 0 Dans l’action de frapper les médailles, dans celle du laminoir,
de la filière, les métaux subissent la plus grande compression que nos
moyens nous permettent de leur faire éprouver en employant les outils
les plus durs et les plus résistants. Cependant l’élévation de tempéra
ture n’est pas considérable; si elle l’était, les pièces d’acier dont on
fait usage dans ces opérations seraient bientôt détrempées.
3° On sait qu’il faudrait exercer sur les solides et les liquides un
très-grand effort pour produire en eux une réduction de volume com
parable a celle que leur fait éprouver le refroidissement (un refroidis
sement de 100 degrés à zéro, par exemple). Or le refroidissement
exige une suppression de calorique plus grande que ne l’exigerait la
simple réduction de volume. Si cette réduction était produite par un
moyen mécanique, la chaleur dégagée ne pourrait donc pas faire varier
la température du corps d’autant de degrés que le fait le refroidisse
ment. Elle nécessiterait cependant l’emploi d’une force à coup sûr très-
considérable.
Puisque les corps solides sont susceptibles de peu de changement de
température par les changements de volume, puisque d’ailleurs la con
dition du meilleur emploi de la chaleur au développement de la puis
sance motrice est précisément que tout changement de température
soit dû à un changement du volume, les corps solides paraissent peu
propres à réaliser cette puissance.