RÉFLEXIONS
54
1000 degrés lorsque la différence de température entre les corps A et
B est 100 ou 1000 degrés.
Dans une machine a vapeur qui travaille sous la pression de 6 atmo
sphères, la température de la chaudière est 160 degrés: c’est là le
corps A ; il est entretenu, par le contact du foyer, à la température
constante 160 degrés, et fournit continuellement la chaleur nécessaire
à la formation de la vapeur.
Le condenseur est le corps B; il est entretenu, au moyen d’un cou
rant d’eau froide, à la température à peu près constante de 4o degrés ;
il absorbe continuellement le calorique qui lui est apporté du corps A
par la vapeur. La différence de température entre ces deux corps est
160 — 4o ou 120 degrés : c’est pourquoi nous disons que la chute du
calorique est ici 120 degrés.
Le charbon étant capable de produire par sa combustion une tempé
rature supérieure à 1000 degrés, et l’eau froide dont on dispose le plus
ordinairement dans nos climats étant à 10 degrés environ, l’on peut se
procurer facilement une chute de calorique de 1000 degrés, chute dont
120 degrés seulement sont utilisés par les machines à vapeur; encore
ces 120 degrés ne sont-ils pas mis entièrement à profit : il se fait tou
jours des pertes considérables, dues à des rétablissements inutiles d’é
quilibre dans le calorique.
Il est aisé d’apercevoir maintenant quelles sont les causes de l’avan
tage des machines dites à haute pression sur les machines à pression
plus basse : cet avantage réside essentiellement dans la faculté de rendre
utile une plus grande chute du calorique. La vapeur prenant naissance
sous une pression plus forte se trouve aussi à une température plus
élevée, et comme, d’ailleurs, la température de la condensation reste
toujours à peu près la même, la chute du calorique est évidemment
plus considérable.
Mais pour tirer des machines à haute pression des résultats vraiment
avantageux, il faut que la chute du calorique y soit mise à profit le mieux
possible. Il ne suffit pas que la vapeur prenne naissance à une tempé
rature élevée, il faut encore que, par l’extension de son volume, elle
arrive aune température assez basse. Le caractère d’une bonne machine
à vapeur doit donc être non-seulement d’employer la vapeur sous une
forte pression, mais de remployer sous des plissions successives très-