316 Le BOMBARDIER FRANÇOIS,
pulverifer dans un moulin à poudre y ou dans un mortier ; le paîter
enfuite par un tamis fin, puis l’enfermer dans un fac de cuir : c’eft de
cette efpece de charbon dont je parlerai dans la fuite.
Avant de parler des autres matieres qui entrent dans la fabrique
des feux d’artifice , il eft bon d’âvertir que l’été eft la faifon la plus
propre à travailler ces fortes d’ouvrages ; car outre l’avantage que
lon trouve à voir fécher promptement ce que l’on fait , .ils fe per-
fetionnent bien mieux dans ce tems-là , que dans un autre qui fe-
roit humide & couvert : la colte qui fert à faire le carton & les car-
touches , communiquant de la fraîcheur à la compofition , la fait
germer; en forte qu’on eft furpris de voir les pieces de feu faire dif-
ferens effets de ce que faifoient de pareilles ‘dans le tems qu’on les
fabriquoit ; au lieu qu’étant faites pendant un:tems chaud , & con-
fervées dans un lieu fec , elles fe maintiendront plufieurs années ; &
j'ai vû des fufées volantes qui avoient été faites avec cette précau-
tion , aller auffi-bien après vingt ans , que fi clles ne venoient que
d’être achevées.
Ce que j'entendrai deformais par compofition, fera la quantité de
poudre, de falpètre, de foufre, de charbon, & d’autres ingrédiens pris
enfemble qui doivent entrer dans le corps d’une piece d'artifice ; en
forte que quand je parlerai de la compofition des fufées volantes,
j’entendrai la mixtion de falpêtre, de poudre , de foufre 8: de char-
bon , que je dirai qu’il faudra faire pour en remplir la cartouche,
La cartouche eft une efpece d’étuy , qui contient la compofition, ou
plufieurs pieces d'artifice; en forte que c’eft un terme generique.
La plûpart de ceux qui font des artifices, font les boëtes qui en con-
tiennent plufieurs pieces avec du bois; cet ufage eft pernicieux & la
fource du manquement de quantité de beaux feux de joye: j’ai vû plu-
fleurs grandes dépenfes devenues inutiles par ces boêtes de bois ; par-
ce que venant à crever , clles eftropioient ceux qui étoient dans les
machines dreffées pour le fpectacle; en forte que n’y pouvant tenir,
ils étoient privez de porter le feu aux differens endroits où la difpo-
fition demandoit qu’il fût donné à un certain tems ; & d’ailleurs com-
me le theatre fe trouve abandonné, le feu y prend d’abord , puis ne
pouvant être fecouru , fait au lie1 d’un feu d’artifice, un feu de bois
ordinaire, réduifant en cendre un édifice qu’on fe fera efforcé d’em-
bellir avec beaucoup de dépenfe.
Pour prévenir de femblables accidens, il faut faire toutes ces boëtes
de carton , &leur donner une épaifleur proportionnée à l’effort qu’elles
qu-