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Par contre, le filé est responsable d’un étalement de l’image qui pourra
entraîner des erreurs sur les dimensions et la forme des objets représentés.
Quiconque observe la figure 6 s’imagine que les mires formées d’un trait
unique (B et G) sont à bords non parallèles. L’interprétateur risque donc
d’exagérer les dimensions d’un objet qui se présenterait de la même façon,
et cela d’autant plus que, toutes choses égales par ailleurs, l’avion vole plus
rapidement. Il est essentiel de remarquer que c’est le détail isolé sur un fond
uni et étendu qui risque d’être interprété comme plus important qu’il n’est,
que le détail soit clair sur fond sombre (fig. 6, mire G) ou sombre sur fond
clair (fig. 6, mire B). Le cercle blanc placé sur fond noir, sur la piste de
l’aérodrome de la fig. 8 (mire 10) présente l’aspect d’un rectangle.
Présentent également un allongement les taches sombres à peu près circu
laires qui se trouvent sur la piste, ainsi que la bande noire isolée (fig. 8,
mire 3). Supposons pour fixer les idées que l’avion vole à 100 mètres par
seconde, ce qui est pratiquement la vitesse en mission de la plupart des avions
photographes. Supposons que le temps de pose efficace de l’obturateur soit
de 1/100 de seconde, ce qui est généralement le cas. Le filé théorique mesuré
sur le sol aura un mètre de longueur. II se traduira par un dégradé entre les'
deux plages du cliché de densités différentes. Or 1 mètre sur le terrain, c’est
0 mm.,02 sur le cliché à l’échelle du 1 /50.000, ce qui est absolument négli
geable, mais c est 0 mm.,4 à l’échelle du 1 /2.500, échelle de l’ordre de
grandeur de celles des levés cadastraux, et cela ne peut plus être négligé.
(On pourra à la rigueur accepter un filé atteignant le 1/10 mm., ce qui limite
l’échelle au 1 /10.000 dans les conditions envisagées ici).
D’assez grandes difficultés apparaissent également pour fixer dans
quelles conditions sera pointée la limite de séparation de deux plages étendues
(séparation de la partie noire et de la partie blanche du fond de la mire
constituée par l’ensemble de la figure 6, limite sensiblement rectiligne de
deux champs de cultures différentes, etc...). Il est bien difficile de chiffrer de
telles erreurs. On doit craindre que dans les levés cadastraux, où l’on cherche
à mesurer les dimensions exactes de champs cultivés, on trouve des largeurs
erronées pour certains champs, surtout s’ils sont très lumineux et si de ce fait,
un effet d’irradiation se superpose à celui du filé.
A ces erreurs sur les dimensions réelles des objets va correspondre une
altération dans la détermination du relief. Mais le problème est là encore fort
complexe. L’erreur est liée au rapport , mais d’une manière qui n’est
certainement pas très rigide et qu’il est bien difficile d’exprimer. Les taches-
images seront étalées de la même manière sur les deux photos du couple. Si
le pointé était exécuté sur des points homologues de chaque tache, la parallaxe
stéréoscopique serait mesurée sans erreur. Le flou de l’image ne permet pas un
tel pointé, mais on ne doit pas, sauf aux très grandes échelles avoir une erreur
bien sensible. Nous sommes sans doute assez prêts de la vérité en admettant
que le pointé se fait, dans l’exemple numérique donné plus haut sur des points