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28 HISTORICAL EXHIBITION
essais infructueux Laussedat eut l’idée d’utiliser pour le tracé de ses vues perspectives
la chambre claire de Wallaston. Le premier essai de restitution à partir de vues
dessinées à la chambre claire fut celui de la façade méridionale de l’Hôtel des
Invalides — il date de 1849. Le premier levé topographique est un plan du Fort du
Mont Valérien exécuté en 1850. Le mémoire fondamental de Laussedat sur l’utilisation
de la chambre claire fut adressé en 1850 au Comité des Fortifications. Laussedat à
cette époque n’ignorait pas la photographie. En 1852 il obtint du Comité des Fortifica
tions un crédit pour l’acquisition d’un appareil photographique. Les préparations albu
minées utilisées alors comme surface sensible étaient d'une lenteur désespérante, de
plus, le champ de l’objectif atteignait à peine la moitié de celui de la chambre claire, et
l’appareil se prêtait mal à la détermination précise de la position des vues perspectives
enregistrées. Laussedat imagina alors une chambre photographique spéciale qu’il fit
réaliser par Brunner, constructeur réputé d’instruments de topogaphie et de géodésie.
Cette chambre était montée sur un cercle azimutal et portait sur une face latérale une
lunette de visée. Un niveau permettait de rendre l’axe de l’objectif horizontal, quatre
petites lamelles triangulaires placées sur le fond de la chambre au contact de la surface
sensible laissaient leur empreinte photographique sur celle-ci. Elles définissaient la
ligne d’horizon et la verticale principale de la vue perspective enregistrée. Laussedat
donna à cette chambre le nom de ,,chambre obscure topographique”-c’est le prototype
des photothéodolites. Les premiers essais eurent lieu en 1859 devant des commissaires
désignés par l’Académie des Sciences. Les vues furent prises de l’observatoire de
l’Ecole Polytechnique et de la plateforme d’une des tours de l’Eglise Saint Sulpice.
Divers monuments de Paris furent déterminés en position planimétrique et en hauteur.
Les résultats furent très satisfaisants.
Le premier levé officiel est celui du village de Bue près de Versailles. 11 eut lieu
au printemps de 1861 sur l’ordre du Ministère de la Guerre, en présence des officiers
de la division du Génie de la Garde Impériale. Les opérations sur le terrain durèrent
trois heures — elles comportèrent la mesure à la chaîne d’une base de 200 mètres, la
triangulation de quatre stations, et la prise de huit vues sur collodion humide. Le plan,
exécuté à l’échelle du 2.000ème, couvrait 200 hectares environ; son tracé, planimétrie
et courbe de niveau, fut terminé le surlendemain. La division du Génie de la Garde
leva ensuite, en automne 1861, le plan du Fort du Mont Valérien au cours d’un
simulacre de siège de celui-ci.
En 1862 l’Académie des Sciences de Madrid qui avait mis au concours une
étude sur l’application de la photographie aux levés des plans, couronna le mémoire de
Laussedat. Le procédé de Laussedat avait acquis droit de cité parmi les méthodes de
levés topographiques. Le capitaine du Génie, Javary, fut chargé de l’appliquer à
l’établissement des plans des fortifications et autres ouvrages militaires. De 1863 à
1870 Javary leva plus de 72.000 hectares restitués en général à l’échelle du
5.000ème avec courbes de niveau équidistantes de 5 mètres. L’un des levés les plus
importants est celui de Faverges en Savoie, effectué en 1866 — il couvrait une surface de
12.000 hectares. Le travail sur le terrain comporta l’établissement de six triangles,
118 sommets de cheminement, et 43 stations d’où furent prises 125 vues. La durée de
ce travail fut de 18 jours. La restitution de 4.680 points cotés demanda 5 mois. Ce
grand plan de Faverges figura à l’Exposition de 1867 au Champ de Mars.
Après la guerre de 1870—71, malgré les remarquables résultats obtenus, la
brigade de Javary fut supprimée - le procédé de Laussedat ne fut pas appliqué poul
ies levés de la carte d’état major. Ces levés étaient terminés en ce qui concerne les
régions montagneuses, les seules où son application présentait des avantages réels sur
les méthodes classiques de levé. En Allemagne les travaux de Laussedat ne furent
connus qu’en 1865 par une publication parue dans les archives photographiques. Mais
déjà vers 1858 l’architecte Màdenbauer, chargé de la réfection de la cathédrale de