HISTORICAL EXHIBITION
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pendant l’hiver 1893/94, chambre en aluminium à plaque verticale de format 13/18,
l’objectif qui couvrait une plaque 18/24 pouvait être monté dans trois positions
différentes de façon à pouvoir prendre des vues de vallées profondes ou de sommets
supérieurs. La lunette de visée n’était pas solidaire de la chambre mais pouvait prendre
sa place sur le pied de l’appareil. La restitution était effectuée graphiquement suivant
la méthode Laussedat. La plus grande difficulté rencontrée pour cette restitution était
l’identification des points homologues dont l’aspect changeait parfois considérablement
d’une vue à l’autre suivant l’éloignement des stations. Pour rémédier à cet inconvénient
les Vallot prenaient entre les stations une série de vues du paysage assez rapprochées
l’une de l’autre pour que l’identification de leurs points homologues fut facile et certaine.
Deville, grand utilisateur de la méthode Laussedat, en connaissait les points faibles,
particulièrement la difficulté d’identification des points homologues et la longueur des
opérations graphiques de la restitution. En 1896 il abordait l’étude d’un appareil conçu
pour rémédier à ces divers inconvénients. Les deux photographies étaient observées à
l’aide d’un stéréoscope de Wheatstone dont les miroirs étaient semi-transparents,
chaque oeil de l’opérateur était placé au point de vue, au centre de perspective de la
photographie qu’il observait. L’opérateur voyait donc une image virtuelle en relief de
la surface photographiée, image dont l’échelle était fonction de l’écartement des yeux.
Une mire déplacée par un aide, commandé par l’opérateur, était amenée en alignement
avec les deux images des points à restituer. Lorsque ce double alignement était réalisé
l'opérateur avait l’impression que la mire était posée sur l’image stéréoscopique en ce
point. La position de la mire était alors enregistrée sur une planchette horizontale, et les
altitudes lues sur une règle verticale. Les points d’une courbe de niveau pouvaient
être déterminés en maintenant la mire à une hauteur constante. La restitution était
effectuée sans calcul à l’instant même de la visée, et n’était plus limitée aux seuls détails
nettement identifiables; les courbes de niveau étaient déterminées directement au lieu
d’être intercalées dans un semis de points cotés. Enfin, les axes de prise de vue n’avaient
pas besoin d’être horizontaux, il suffisait que leur inclinaison fût connue.
Pulfrich, collaborateur de la firme Zeiss, fut en 1902 mis par Laussedat au
courant des travaux de Deville. Spécialiste des études d’instruments stéréoscopiques, il
s’attacha immédiatement à améliorer la solution Deville. En 1903 la firme Zeiss con
struisait le stéréoplanigraphe de Pulfrich, basé rigoureusement sur ce principe. Dans cet
appareil le déplacement de la mire était commandé directement par l’opérateur, ce qui
permettait le tracé continu de la planimétrie et du nivellement. La restitution pouvait
s’effectuer à une échelle indépendante de l’écartement des yeux. Dans la méthode
Laussedat les coordonnées des points des images étaient rapportées à la ligne d’horizon
et à la verticale principale des photographies. Elles étaient mesurées directement à
l’aide de règles graduées. La précision des mesures de l’ordre du dixième de mm
était en concordance avec les constructions graphiques de la restitution. En 1901
Pulfrich faisait réaliser par la firme Zeiss un appareil baptisé stéréocomparateur. Cet
appareil permettait, grâce à l’utilisation d’un microscope de visée binoculaire, de
mesurer simultanément les coordonnées des points homologues des deux photographies,
avec une précision environ dix fois supérieure à celle des mesures directes. En 1902,
sans connaître les travaux de Pulfrich, Fourcade en Angleterre réalisait un instrument
analogue. La précision des coordonnées mesurées au stéréocomparateur était sura
bondante pour la restitution graphique, mais permettait par le calcul d’obtenir une
restitution plus exacte. Pour faciliter les opérations de calcul, Pulfrich imagina une
technique de prise de vue qui permettait l’emploi de formules très simples. Cette tech
nique consistait à prendre les couples de photographies dans des directions horizontales
parallèles. La précision des résultats permettait de se dispenser des contrôles à partir
d’autres photographies. L’emploi du stéréocomparateur marque le début d’une ère
nouvelle dans la photogrammétrie, celle de la haute précision. Le stéréocomparateur