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HISTORICAL EXHIBITION
permettait donc d’obtenir par le calcul un ensemble précis et dense de points cotés. Il
restait toutefois à les reporter sur le plan par leurs coordonnées — opération longue et
sujette à erreur. En 1903 Pulfrich imagina un mécanisme, planchette de construction,
qui permettait d’enregistrer sans calcul la position planimétrique des points et leur alti
tude en y introduisant directement les éléments mesurés au stéréocomparateur.
En 1907 Thompson réalisait son stereoplotter qui comportait une planchette de
construction non plus indépendante, mais solidaire du stéréocomparateur, dans laquelle
une partie des éléments mesurés sur celui-ci étaient introduits directement et les autres
après lecture. En 1908 cette idée fut reprise en Autriche par le lieutenant Von Orel qui
ignorait d’ailleurs les travaux de Thompson. L’appareil conçu par Von Orel fut progres
sivement amélioré. En 1911, grâce à la collaboration de Pulfrich et de plusieurs autres
ingénieurs de la firme Zeiss, le premier stéréoautographe Von Orel était construit. 11
comportait, associé au stéréocomparateur, un mécanisme qui matérialisait les construc
tions graphique des formules de Pulfrich. Cet appareil permettait d’enregistrer les
coordonnées d’un point à l’instant même de la visée stéréoscopique de ses deux images,
et de tracer de façon continue la planimétrie et les courbes de niveau tout en conservant
la précision fournie par le stéréocomparateur. Sa précision, son débit, et le modelé
incomparable des formes du terrain obtenu par le filage des courbes de niveau, firent
que le stéréoautographe Von Orel prit d’emblée la première place en photogrammétrie.
Quelques variantes de réalisation de cet appareil furent ultérieurement réalisées
par d'autres constructeurs. En 1898 Scheimpflug, enseigne de vaisseau de la marine
autrichienne, eut l’idée, pour restituer les photographies, de placer les clichés dans une
position semblable à celle qu’ils occupaient au moment de leur impression, et de les
projeter simultanément dans l’espace à l’aide d’un objectif occupant la place de celui
de prise de vue. Les rayons homologues se rencontrent alors et le lieu de leur point de
rencontre est une surface spatiale semblable à la surface photographiée. Si un écran est
placé dans l’espace de la projection, il reçoit deux images qui ont en superposition un
certain nombre de points homologues — ces points appartiennent à la surface spatiale.
La restitution est effectuée en enregistrant leur position. Pour assurer la netteté des
projections, Scheimpflug utilisait des objectifs de focale différente de celle de prise de
vue; il agissait aussi sur leur inclinaison dans le cas où les clichés n'étaient pas paral
lèles à l’écran. Quelques années plus tard l’un de ses collaborateurs, Kammerer, imagi
nait un appareil dans lequel les rayons perspectifs étaient matérialisés par une tige
mobile autour d’un point fixe, point de vue. La direction de cette tige était déterminée
par une articulation mobile dans un plan orientable dans l’espace et occupant la position
du cliché par rapport au point de vue. Deux tiges semblables étaient articulées à une
même pièce susceptible d'être translatée dans trois directions homologues. Kammerer
trouva la mort dans un accident de dirigeable qui tomba en flammes en Autriche au
mois janvier 1914.
Comme les photogoniomètres de Porro et de Koppe, comme l’appareil de
Deville, les solutions de Scheimpflug et de Kammerer n’imposaient aucune condition
restrictive à l’orientement relatif ou absolu des photographies. Ces solutions pouvaient
s’appliquer à la restitution de vues prises d’observatoires instables, tels, par exemple,
les observatoires aériens. Le 23 octobre 1858 Félix Tournachon, dit Nadar, déposait
à Paris une demande de brevet d’invention pour un nouveau système de photographie
aérostatique. Il déclarait avoir combiné des moyens particuliers lui permettant d’em
ployer la photographie pour le levé des plans topographiques, hydrographiques et
cadastraux, et aussi pour diriger les opérations stratégiques, pour le levé des fortifica
tions d’une place et d’une armée en marche. La nacelle portait suspendue au cercle
de l’aérostat une tente formant chambre noire laquelle permettait de couler le collo-
dion humide, de le sensibiliser et de développer l’image après son impression. L’appareil
photographique était suspendu à la cardan de façon à pouvoir prendre des vues dans