HISTORICAL EXHIBITION
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une direction verticale. Les premiers essais furent désastreux — les plaques développées
étaient d’un noir de suie. La manche du ballon, ouverte librement à l’intérieur de la
tente, laissait s’y déverser les flots d’hydrogène sulfuré. La première photographie
aérostatique réussie par Nadar est une vue de l’Avenue du Bois de Boulogne — elle
date de 1858. Laussedat, consulté par Nadar, lui démontra qu’une telle photographie,
n’était pas une carte et que son utilisation, pour en déduire un plan cadastral, se
heurterait à de considérables, sinon insurmontables difficultés.
Les prises de vue aériennes se multiplièrent après l’apparition des émulsions
au gélatine-bromure d’argent. Des chambres photographiques furent enlevées par
des ballons libres, des ballons captifs montés, des ballonnets, des cerfs-volants, des
ballons dirigeables, et finalement des avions. L’emploi d’une fusée avec retour à la terre
de l’appareil photographique par parachute fut même essayé en France en 1888. Les
mouvements de rotation imprévisibles des ballons et des ballonnets ou des cerfs-
volants, furent à l’origine de la conception des chambres multiples panoramiques,
comme celle de Tribulet en 1880 qui comportait six objectifs périphériques et un
objectif central déclenchés simultanément, comme celle de Woodbury etc. et beaucoup
d’autres. En 1897 le Français Cailletet prit des vues à axe vertical à l’aide d’une
chambre photographique suspendue à un ballon-sonde. L’altitude fournie par un
baromètre anéroïde était enregistrée photographiquement, la prise de vues s’effectuait
à cadence régulière — elle était commandée par un mouvement d’horlogerie. Le but de
ces vues était de déterminer la trajectoire du ballon-sonde. De 1898 à 1908 l’ingénieur
russe Thiele utilisa des ballonnets et des cerfs-volants pour lever de grandes étendues
de terrain en Transcaucasie dans la vallée du Dnièpr, dans la région de Karbine en
Silésie, etc et il fit usage également de chambres multiples. En 1908 le capitaine
Tardivo, officier du Génie italien, utilisa un ballonnet captif pour photographier à la
verticale une bande de terrain d’une cinquantaine de kilomètres de long dans un but de
recherches archéologiques. L’assemblage de ces photographies fournit une image
saisissante de l’ensemble du terrain. Le capitaine du Génie français Sacconney fut un
grand spécialiste des levés en cerf-volant. Entre 1903 et 1914 il effectua de nombreuses
missions, entre autres le levé des côtes du Maroc. Pour cette mission il utilisa un train
de cerfs-volants remorqués par un bateau.
Dès l’apparition des ballons dirigeables aux premiers jours de notre siècle,
Scheimpflug comprit tous les avantages que l’on pouvait tirer de ces observatoires.
Dans une vision de génie il jeta les bases d’une technique de prise de vues et d’une
technique de restitution qui n’ont pas vieilli. Pour effectuer la couverture photogra
phique d’un terrain, le dirigeable se déplaçait suivant des trajectoires rectilignes paral
lèles en conservant la même altitude. Les vues étaient prises à intervalles réguliers, tels
que deux photographies successives puissent se recouvrir de plus de moitié; la distance
de deux trajectoires voisines était telle que les deux bandes de photographies corres
pondantes puissent se recouvrir sur leurs bords. Pour réduire le nombre de bandes,
Scheimpflug utilisa des vues obliques inclinées de 30° sur la verticale dans une direction
perpendiculaire à l’axe de marche du dirigeable. Pour des vues prises à une hauteur de
2000 mètres la largeur de la bande était 7 kms. Ces vues obliques étaient transformées
en perspective à axe vertical à l’aide d’un appareil de projection spécial — le perspecto-
graphe Scheimpflug-Kammerer qui date de 1904. C’est le premier des appareils de
redressement. En 1909 Scheimpflug utilisait une chambre multiple comportant 7 cham
bres périphériques dont les axes de prise de vue étaient inclinés de 45° sur celui d’une
chambre médiane. L’ensemble couvrait approximativement un cercle dont le diamètre
était égal à 5 fois la hauteur de prise de vue. Après transformation des vues obliques
au perspectographe les 8 photographies étaient assemblées en une vue unique. En
1906 Scheimpflug utilisait déjà le stéréocomparateur pour la restitution des vues
aériennes à axe vertical. Cet appareil lui permettait de tracer les courbes de niveau sur