186 CARTES A PETITES ECHELLES, BAUSSART
Le probléme cartographique étant posé, la premiére question essentielle est le choix
de l'échelle de la couverture aérienne.
Pour une restitution à grande échelle, on a intérét à choisir à la prise de vues une
échelle plus petite que celle du levé, pour des raisons évidentes de rendement. Mais dés
que l'on veut travailler au 1/50.000 ou au dessous, un premier obstacle est l'altitude de
prise de vues, qui ne peut excéder un certain plafond. L’essai contrôlé , VERCORS”, or-
ganisé par la S.I.P. en 1956, a permis d'établir l’intérêt d’effectuer, pour une restitition
au 1/50.000, la prise de vues à une échelle plutôt plus petite que celle du levé, justifiant
la mise au point, par les fabricants, de chambres photographiques présentant une focale
réduite, cette réduction s’accompagnant en général d’un agrandissement du champ.
La réduction de la focale (jusqu’à 55 mm en U.R.S.S.) permet de diminuer l’altitude
de vol pour une échelle donnée, mais la réduction de l’échelle du cliché est limitée par les
difficultés de lecture ou d’interprétation des détails. Or une deuxième conclusion de l’es-
sai contrôlé ,VERCORS” est l’importance, lors de la restitution, des erreurs d’interpré-
tation ou des oublis, la proportion des fautes atteignant en moyenne 30%. Certes ces
défauts concernent en général des objets de petites dimensions, mais d'importance non
négligeable, tels que villages ou pistes; et, circonstance à souligner, on ne peut, le plus
souvent, envisager de vérification sur le terrain, ni avant, ni après la restitution, dans
l’hypothèse où nous nous sommes placés d’un pays dont le parcours, pour des raisons
diverses, est difficile. Il serait enfin trop onéreux, sauf cas particuliers, d’envisager plu-
sieurs prises de vues, l’une en vue de la restitution, l’autre à plus grande échelle en vue
de l’interpretation des détails. Pour toutes ces raisons, il ne semble pas que l’échelle des
clichés puisse avantageusement être inférieure au 1/100.000: dans de nombreux pays
(U.R.S.S., Australie, France, Italie, Etats-Unis) on a adopté une échelle voisine du
1/80.000 pour établir la carte au 1/100.000. Encore l’Ing. BELZNER souligne-t-il qu’
une échelle aussi petite n’est pratiquement exploitable que sur des appareils réalisant
une reconstitution rigoureuse des faisceaux perspectifs, les appareils simplifiés, qui
utilisent une solution approchée du problème de la restitution, ne permettant pas une
précision suffisante en altitude.
L’accroissement du champ angulaire de l’objectif utilisé pour la prise de vues
aériennes correspond à un souci de rendement beaucoup plus que de précision: délai
réduit de la prise de vues lorsque les conditions météorologiques sont constamment
défavorables, préparation et restitution accélérées.
C’est ainsi qu’ont été mises au point, notamment en U.R.S.S. et en Suisse, différen-
tes chambres dites “super-grand-angulaires”, dont le champ atteint 135 Gr et même
145 Gr (objectif Russe R2; f — 55 mm, format de l'image 18 X 18 em). Ces cham-
bres ont fait l'objet d'essais satisfaisants, mais leur utilisation semble devoir se limiter
aux vastes étendues peu accidentées, en raison du risque d’angles morts. Dr. BRAN-
DENBERGER estime que les chambres super-grand-angulaires ne devraient pas être
utilisées sur des terrains où la dénivelée est supérieure au dizième de l’altitude de vol,
tandis que l'emploi des chambres grand-anguiaires (champ voisin de 100 Gr) se justifie
pour des terrains où la dénivelée reste inférieure au cinquième de l’altitude de vol, ce
qui est le cas général pour un vol à haute aititude.
L’emploi de chambres super-grand-angulaires pose un autre problème: celui de
l’exploitation des clichés, les appareils classiques ne permettant en général pas des
inclinaisons suffisantes pour atteindre les angles des clichés. Il est possible que certains
services fassent l’acquisition ou demandent la construction d’une série d’appareils spé-
ciaux pour l’exploitation de ces clichés: mais une solution plus économique consiste à
avoir recours à une anamorphose: on démontre en effet que si, lors de la prise de vues,
les axes des chambres ne sont pas verticaux, quelle que soit l’importance des dénivelées,
un décentrement convenable de chaque cliché lors de la mise en place évite toute défor-
mation du modèle, au deuxième ordre près par rapport à l’inclinaison des axes; nul