INTRODUCTION
Dans le cadre des méthodes de traitement numérique des scénes Landsat, certains filtres, tels que le
filtre gradient et notamment le filtre de Sobel (PRATT, 1978), cherchent à faire-ressortir tous les types
de frontières existant entre les différentes plages homogènes que comportent ces scènes. Les plages
homogènes correspondent à des plages numériques regroupant des pixels dont l'écart entre leurs
valeurs brutes de réflectance est nul ou faible. Ces méthodes mettent donc en évidence les éventuels
sauts de valeur entre les réflectances moyennes de deux plages contigües et homogènes. Parfaitement
adaptées aux problèmes rencontrés dans des régions planes, ces méthodes se révèlent décevantes dans
le cas des régions montagneuses où se superpose l’influence des contrastes ombre-lumière entraînant
alors la formation de nouvelles frontières se surimposant à celles qui proviennent des structures
géologiques. Les transformations numériques mises en œuvre par ces filtres ne sont pas de nature
à permettre de suivre les frontières entre deux mêmes unités dans des zones géographiques aussi
contrastées.
A l'exception de la zone intertropicale oü la direction de l'éclairement change en fonction de la date
de la prise de vue (le soleil, qui est dans le quadrant SE en hiver, passe au quadrant NE en été), ce sont
généralement toujours les mémes versants qui sont dans l'ombre en raison du caractére héliosynchrone
du passage du satellite à une latitude donnée. Mais, méme si dans la zone intertropicale, les versants
septentrionaux et méridionaux peuvent étre tour à tour éclairés, en revanche les versants occidentaux
de la plus grande partie du globe sont toujours dans l'ombre (à l'exception d'une zone située au-dessus
de 75^ N environ où le soleil se trouve dans le quadrant SW). La méthode du ratioing (MAURIN et
RIGUIDEL, 1978) tente de répondre en partie à ce problème en donnant, par le biais des rapports
entre canaux qu'il implique, une vision «éclairée» des zones sombres de l'image d'origine. A ce titre,
le ratioing peut étre considéré comme une méthode d'approche complémentaire aux segmentations
numériques pilotées sur les différents canaux (O R S T O M, 1978 ; LOINTIER et PIEYNS, 1981).
Toutefois, les indications qu'il fournit dans les zones d'ombre ne se raccordent pas toujours ou se
raccordent mal à celles qui ressortent pour les versants éclairés, de méthodes plus traditionnelles.
C'est parce que toutes ces méthodes ne permettaient pas en fait de suivre dans les zones d'ombre
les indications structurales fournies par deux plages homogénes dans une zone éclairée, que la méthode
décrite ici a été mise au point. Nous avons notamment cherché à faire en sorte que les frontiéres
entre ces plages, pouvant par exemple correspondre au point de vue géologique aux limites entre
deux unités ou deux formations lithologiques, puissent se suivre indifféremment dans les deux zones.
PRINCIPE ET DESCRIPTIF DE LA MÉTHODE
Dans les scènes numérisées Landsat (EROS Data Center) correspondant à une vue prise au-dessus
de régions montagneuses, les contrastes entre ombre et lumiére sont fortement accentués par le relief.
Comme on peut l'observer sur les différents canaux de la zone test prise dans l'Himalaya du Ladakh
(vue Landsat 81.115.04.555 du 15 novembre 1972), la valeur brute des pixels des zones d'ombre
n'excéde pas, selon les canaux, 15 ou 20 ; corrélativement, dans les zones éclairées, les valeurs brutes
des pixels de l'image varient de 16/21 à 127 (63 pour le canal 7). Naturellement, la valeur de ce seuil
peut varier selon l'angle de l'élévation solaire qui, dans le cas présent, n'est que de 32? à la date de
prise de vue (cet angle peut atteindre 54° environ au solstice d'été).
Quoi qu'il en soit, si l'on désire retrouver sur une méme échelle numérique les unités lithologiques
qui traversent indifféremment les zones sombres et éclairées, il convient de modifier l'échelle globale
des valeurs de réflectance. Or, si le passage d'une unité lithologique à une autre unité différant de la
précédente par le niveau moyen de sa réflectance est marqué par l'existence d'un «saut» dans la radio-
métrie d'un pixel au pixel voisin, l'importance de ce «saut» varie selon l'éclairement. Faible dans le cas
des zones d'ombre, la différence entre les valeurs brutes des pixels situés aux limites de deux plages
homogénes contigües est nettement plus élevée dans les zones éclairées pour un méme passage entre
deux mémes unités. En revanche, les rapports entre les valeurs brutes des pixels obtenus aux limites
de ces deux mémes plages homogénes sont beaucoup plus élevés dans les zones d'ombre qu'ils ne le
sont dans les zones éclairées. Dans ce cas, la valeur des rapports qui indiquent l'existence d'une limite
entre deux unités lithologiques distinctes au plan de leur réflectance, change lorsque l'on passe d'une
zone éclairée à une zone sombre.
I| faut donc chercher à mettre au méme niveau numérique les valeurs des rapports rencontrés dans
ces deux genres de zones, en modifiant et adaptant les valeurs brutes des pixels en fonction du but à
atteindre. Celui-ci consiste en fait à tendre de rendre identiques aux rapports des valeurs des pixels
limitant deux plages homogènes et contigües dans une zone d'ombre, les rapports des valeurs des
pixels limitant ces deux mêmes plages dans une zone éclairée. En d'autres termes, dans un canal donné,
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