Conclusion
Il n'y a pas de désertification définitive, mais seulement des régions
plus menacées que d'autres, du fait notamment de la densité d'occupation pasto-
rale et du régime de l'élevage. Dans la région Nord Sahélienne, l'association de
l'agriculture et de l'élevage est néfaste : les cultivateurs réalisent une con-
centration indésirable de leurs troupeaux autour des villages, ce qui, associé
aux effets érosifs de la culture extensive du mil, contribue à une dégrada-
tion générale du milieu physique.
Cependant la situation exacte de l'élevage et de l'agriculture dépend
avant tout des précipations, qui au cours d'une méme année varient considéra-
blement d'un groupe de villages à l'autre, dans un rayon de 20km. Il se crée
ainsi chaque année une situation nouvelle, définie localement dés la fin d'oc-
tobre, et qui va déterminer la vie du pays pendant toute la saison séche, jus-
qu'au retour des pluies en juin. Elle est connue dans ses grandes lignes au
niveau des chefs de canton, mais elle ne l'est pas au niveau des sous-préfec-
tures. L'un des buts qu'on devrait fixer à la télédétection est de définir
cette situation, au moins dans les régions les plus menacées, quelques semaines
au plus aprés la fin des pluies, afin que les administrateurs responsables
puissent prévoir les mouvements des nomades, et le cas échéant acheminer des
vivres et des secours. Les vues SPOT permettront d'atteindre cet objectif, tout
au moins en ce qui concerne l'espace agricole.
La comparaison de la composition colorée Simulation SPOT avec les
situations observées sur le terrain en décembre 1981 met en évidence une oppo-
sition de limites entre les terroirs encore verdoyants et ceux qui étaient
désséchés, n'ayant pas recu le minimum de précipitations permettant une récolte.
Cette distinction porte essentiellement sur le canal 0,53-0,58u et résulte
indirectement de la répartition du bétail, mise en évidence par les déjections
des animaux déposées depuis là fin des pluies. Dans le premier cas les animaux
sont présents, et uniformément répartis sur les terroirs. Dans le second cas
ils sont absents et leur activité antérieure est répartie de façon irrégulière.
Les terroirs dévastés par la sécheresse sont d'autre part mis en évidence par
les limites floues des champs, et par une auréole d'aspersion de sable.
Il ne semble pas, vu la variabilité des aspects résultant des feux
d'herbes plus ou moins anciens, que les images soient influencées de façon
significative par la composition floristique ou par la hauteur du tapis herbacé.
Il ne semble pas non plus que la recherche indirecte de l'opposition verdoyant -
desséché puisse être étendue à l'espace pastoral par des vuesprises en début
de saison sèche. Par contre la remobilisation des sables éoliens est à cet
égard un critère indirect d'une grande valeur, intégrant de nombreux paramètres.
C'est un aspect bien caractérisé tant sur les vues LANDSAT que sur la simulation
des images SPOT, et qui semble pouvoir donner lieu ä une cartographie fondée
sur des classifications. :
L'état de la végétation ligneuse échappe dans une large mesure à la
détection par satellites et méme aux photographies aériennes à moyenne échelle
(1:50 000 à 1:60 000). Seuls les arbres adultes ou formant des peuplements
denses influencent les simulations des images SPOT. Les arbustes disséminés
dans la steppe, vu leur faible développement, ne peuvent étre dénombrés que sur
des photographies aériennes à grande échelle (1:50 000). Il serait trés utile
dans les régions les plus menacées de réaliser des bandes-témoin discontinues
espacées par exemple de 20km, qui seraient rephotographiées au bout d'un
certain nombre d'années (5 à 8 ans).
Seules les vues prises en début de saison séche (à titre indicatif,
avant le 15 décembre) donnent des indications utiles sur la situation locale
de l'agriculture et de l'élevage. Les vues prises plus tardivement ne peuvent
être utilisées que pour la géologie et la géomorphologie.
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