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LES PHARES,
Deo (louange à Dieu!) a-t-il ajouté, joyeux et recon-
naissant.
Une anecdote relative à la construction du monu-
ment a sa place ici. On raconte qu’à l’époque où
Smeaton était à l’œuvre, la guerre existant entre la
France et la Grande-Bretagne, un corsaire français
s'empara des ouvriers etles emmena prisonniers. Ce
corsaire croyait bien faire: il se trompait. En appre-
nant cette capture, Louis XIV montra une grande co-
lère, et ordonna immédiatement que les ouvriers
fussent délivrés et que ceux qui les avaient enle-
vés prissent leur place en prison : «Je suis en guerre
avec l’Angletere, dit le monarque, mais non avec le
genre humain.» —
Puisque nous parlons du respect d’un souverain
français pour les phares, citons un autre exemple,
qui fait honneur aux Anglais. |
Lorsqu'en 1810, le baron de Zach, alors oceupé
d’études sur l'attraction dès montagnes, se rendit
au phare de l'ile Planier, prés Marseille, on le pré-
vint qu'il s'exposait beaucoup à étre pris par nos
voisins d'outre-mer toujours en guerre avec nous.
On prétendait que peu de temps auparavant ils
avaient débarqué sur lerocher et qu'aprés avoir fort
maltraité les gardiens du feu, ils leur avaient enlevé
leurs vivres, etc. Le savant ne tint pas compte de
l'avertissement et se rendit dans l’île, où son pre-
mier soin fut de questionner les gardiens. Voici le
récit que M. de Zach en obtint, et qu’il a conscien-
cieusement rapporté dans sa Correspondance astro-
nomique.