LES PHARES,
dit-il, de la fourberie de Sostrate. Il voulait immor-
laliser son nom ; ce qui n'aurait pas été blámable,
s'il n'eüt en méme temps voulu supprimer celui de
Ptolémée qui faisait la dépense. Pour cet effet il s'a-
visa d'un stratagéme qui lui réussit : il grava pro-
. fondément sur la tour cette inscription : Sostrate
Cnidien, fils de Dexiphane, aux dieux sauveurs de
ceux qui sont sur mer. Et se doutant bien que le roi
Ptolémée ne serait pas content d’une telle inscrip-
tion, il la couvrit d’un enduit fort léger, qu’il sa-
vait ne pouvoir résister longtemps aux injures de
l’air, et y mit le nom de Ptolémée. L’enduit et
le nom du roi tombérent dans quelques années, et
l’on n’y vit plus que l’inscription qui en donnait
toute la gloire à Sostrate. »
Le bon bénédictin ajoute une foi entière à cette
anecdote, ct il discute les opinions contraires.
« Pline, ajoute-t-il, a prétendu que Ptolémée par
modestie et par grandeur d’âme, voulut que Sos-
trate mit son nom sur la tour, sans qu'il y füt fait
aucune mention de lui. Mais ce fait n'est nullement
croyable : cela aurait passé dans ces temps-là, et
passerait même encore aujourd’hui, pour une gran-
deur d’âme mal entendue. On n’a jamais vu de
prince qui ait refusé de mettre son nom sur des ou-
vrages magnifiques faits pour l’utilité publique, et
qui en ait voulu donner toute la gloire aux archi-
tectes. » Pour arranger le différend, Champollion-
Figeac fait construire ce phare par Ptolémée-Soter.
Comme dit Edrisi avec solennité : « Dieu seul connaît
la vérité du fait, »