LES NAUFRAGEURS. 391
pour tromper les marins et concourir aux naufrages;
malheur aux navires qui, sortant de la mer Noire,
voudraient donner de confiance dans le canal de
Constantinople, en prenant imprudemment, pour se
guider, les deux feux qu'ils y rencontrent ! les ha-
bitants des côtes voisines éteignant ceux qui -pour-
raient réellement servir, pour en allumer d’autres
où il n’existe pas de passage, leur tendent le piége
le plus perfide, et en quelques heures les navires et
leurs équipages sont, pour ainsi dire, anéantis, pour
ne laisser aucun indice de leur crime. »
«En se reportant sur notre continent, ajoute
Coulier, la comparaison ne saurait nous être favo-
rable, puisqu'il n’est que trop avéré que les navires
qui viennent s'y briser n'ont souvent point d'espoir
de salut; et, comme il est important de ne rien
avancer au hasard en pareille circonstance, je cite-
raileCimoni, brick grec, qui, en 1825, fut se briser
à Aldernev, et dont l’équipage, après avoir conjuré
Porage par des efforts inouïs, fut mis à nu par
la civilisation européenne du dix-neuvième siè-
clet. »
! « Je quitte à l'instant les débris du navire, qui avait à bord une
viche cargaison, écrit au Moniteur l’un de ses correspondants; mais
Je regrette d’avoir à vous dire que je n’ai jamais vu une telle
scène de pillage. Les deux tiers au moins des objets précieux qui
étaient à bord, ont été volés et emportés à la ville, ou cachés dans
le sable jusqu'à ce qu'on püt venir les prendre avec sûreté. Un
Jeune homme; méme de trés-bonne famille, a emporté une poche
pleine de cuillers d'argent; et d'autres. des sabres montés en
‘argent. Des femmes ont volé des pièces entières de mousseline et
de batiste. Dautres objets ont été emportés par des enfants. Les
gens de l'équipage avaient des effets à bord, qu’ils ont tenté de
sauver; mais ils n’y ont réussi qu’en partie; aussi pouvaient-ils bien