274 L'ÉLECTRICITÉ.
jusqu'à lui, le savant anglais retira le potassium, métal
étrange, qui brüle au contact de l'eau et qui a la con-
sistance et la légèreté du beurre. Cette expérience fut
considérée comme capitale; elle eut un immense reten-
tissement. L'Institut de France décerna à Davy le grand
prix des sciences physiques (1807), et malgré la guerre
qui régnait alors entre la France et l'Angleterre, l'Em-
pereur envoya un vaisseau chercher l'illustre savant et
le reçut à Paris avec des honneurs presque royaux. On
raconte qu'il fit répéter devant lui l'expérience dela dé-
composition de la potasse, et qu'en la voyant, prenant
cet air profond qu'il affectionnait, il s’écria : « N'est-ce
pas là ce qui passe entre les muscles, les nerfs et la
moelle épinière ! » Le vainqueur d’Austerlitz, en voulant
devancer la science, parvint à dire seulement un de ces
mots creux et sonores comme les aiment ceux dont l’es-
prit n’est pas accoutumé à la vigoureuse précision de la
vérité.
Davy ne s’arrêta pas à la décomposition dela potasse;
son éclatant succès l’encouragea, etil se mit à étendre ce
fait : la soude, la chaux, l'alumine furent également
décomposées ; certaines matières organiques, feuilles de
laurier, tiges de menthe, soumises à l’action de la pile,
montrèrent même des phénomènes curieux, quoique
beaucoup moins nets que les précédents.
Depuis celte époque, une innombrable quantité. de
corps, surtout les liquides, ont été soumis à l’action de
la pile. On reconnut que, sauf le mercure, qui est resté
simple jusqu’à ce jour, tous les liquides sont décom-
posés par le courant électrique et réduits en leurs élé-
ments. En particulier, l’eau, qui a été naturellement
très-étudiée, se décompose difficilement lorsqu'elle est