156 : LE MONDE INVISIBLE.
est quelquefois fantastique. En une demi-heure
les graines de l’Achilla prolifera se transforment en
plantes parfaites, qui portent des capsules prétes
à donner des graines müres. Une demi-heure sé-
pare la naissance de la plante mére de la naissance
de ses premiers rejetons. La propagation horaire
marche en vertu des puissances de quatre.
Il y avait une cellule, voilà que l'on trouve
deux jumelles provenant du démembrement de la
cellule unique; encore un effort, les voilà quatre ;
bientót elles seront au nombre de huit. Un peu plus
tard nous pourrons en compter jusqu'à seize. Si le
méme procédé de multiplication continue à se pro-
duire, et pourquoi s'arréterait-il tant que le. mi-
lieu s'y préte? les seize cellules passent au nombre
de trente-deux! La multitude des parties croit
donc en proportion géométrique pendant que l’é-
ternité se déroule en proportion arithmétique.
Si la matière assimilable ne lui faisait défaut, la
plus humble des plantes, admirez la fécondité de
la nature ! se ferait un jeu d'envahir le monde.
Mais ce n'est pas seulement la faim qui arréte
cette invasion fantastique dont le microscope per-
met d'apprécier le danger, c'est surtout le conflit des
mille sœurs qui se pressent les unes contre les
autres pour arrêter l’élan de l’ainbitieuse. C’est un
acharnement qui ferait croire à une volonté propre
si l’on ne pensait qu’elles en sont incapables.
Au premier abord le microscope semble mon-
trer que le principe de lutte et d'antagonisme
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