176 LE MONDE INVISIBLE.
flottaient dissimulées par leur faible dimension,
mais qui, errant dans toutes les directions, de-
vaient finir par rencontrer le pistil nécessaire
à l’accomplissement de leurs destinées sur la terre.
Cependant la multiplicité indéfinie des germes
est une ressource qui serait elle-même insuffi-
sante. La nature a donnéà d’autres êtres l'instinct,
l’intelligence que les grains du pollen n’étaient pas
organisés pour recevoir.
Si les gracieuses orchidées , ces filles chéries du
Tropique , étaient abandonnées à elles-mêmes, le
chemin du pistil est si difficile à trouver que bien-
tôt leur race cesserait de parfumer les forêts mexi-
caines. La nature envoie & leur secours des in-
sectes , hôtes gracieux, avides de savourer le nectar
que promet leur suave odeur. Ces petits vagabonds
errent de corolle en corolle; tantôt ils grimpent
sur les étamines ; tantôt ils se laissent tenter par
l'appui que promet le pistil. Mais leurs pattes gar-
nies de brosses ne peuvent se mouvoir au milieu
de la précieuse semence sans cueillir sur l'anthére
le pollen qu'elles viendront déposer sur le stigmate.
Le microscope nous montre donc queles instincts
et les besoins d'étres inconscients de leur mission
concourent à la fécondité de la plante dont le par-
fum les enivre. Croit-on que nos passions soient
moins nécessaires à l'équilibre du monde ?
Nous pourrons comparer les grains de pollen à
des appareils dans lesquels seraient. renfermés de
merveilleux mécanismes d’horlogerie, prêts à se
x Add
lez
pér
se
gre
ma
log