284 LE MONDE INVISIBLE.
propriétés physiques du volume d'air un million
de million de fois plus grand que celui de l'atome
odorant sont transformées. On dirait qu’un nouveau
gaz remplissant tout l’espace parfumé est venu se
glisser entre les molécules de l'atmosphère, car un
principe inconnu facilite alors le passage des rayons
calorifiques comme un physicien anglais a eu la
gloire de le constater. Il semble qu’une vapeur
très-rare émane de ce foyer musqué, et que quoi-
que réduite à une densité inférieure au millio-
niéme de la densité de l'air, cette vapeur presque
idéale agit encore sur nos organes et ébranle éner-
giquement notre membrane pituitaire.
En quelque sorte affranchies de la servitude du
poids, les odeurs devaient donc permettre à la na-
ture de rétablir une espèce d’équilibre entre la
puissance des infiniment petits et la nôtre.
C’est en effet en blessant notre sens olfactif que
nos petits ennemis se vengent des succès trop
faciles que nous donne notre taille. La puanteur
est comme une fronde de Goliath, qui leur permet
de frapper le géant, de le faire reculer d’horreur.
Que de fois les punaises ne remplacent-elles
point les harpies de la Fable? Ne nous font-elles
point songer à ces monstres souillant tout ce
qu'ils touchent et aimant à s'égarer sur le sein le
plus pur!
Que de ce côté les insectes sont forts! Comme il
est difficile de se débarrasser des poisons impal-
pables qu’ils versent dans l’air !
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