330 LE MONDE INVISIBLE.
les bras se rejettent violemment en arrière. Ce lis,
malin et narquois peut-être, semble rire de notre
surprise. Il n’a pas de langue, il est vrai, mais il
s'agite gracieusement! Il semble venir au-devant
de notre main! Il peut sans danger nous inviter à
le cueillir, car il sent qu’il aura tout le temps de
se replier sur lui-même, de disparaître dans le fond
de sa caverne avant que notre doigt ait le temps
de l’atteindre.
Nous retrouverons dans ce monde étrange, toute
la grâce des fleurs que nous admirons à la surface
de la terre! Des parfums, elles en doivent avoir
qui font que le maquereau pensif aime à promener
ses écailles argentines au milieu de ces rameaux
gracieux dont les débris décorent le sein de nos
femmes et de nos filles. Mais ce qui nous paraît
plus merveilleux, c'est de retrouver là-bas
une synthése de l'immortalité et de la vie, de
l'inertie et de l'intelligence! Si vous croyez que la
plante a de la raison, elle vous montre ses tiges
plus inertes que celles des chênes. Si vous vous
écriez que ce n’est qu’après tout un rocher, mille
têtes gracieuses viennent finement sourire!
L'étude du corail est indispensable pour com-
pléter celle de la fourmilière.
Vous avez devant vous un véritable édifice social
dont la base, dont le squelette est le rocher. Mais
le couronnement, quel est-il? La corolle libre et
intelligente. Libre, vous dis-je, quoique vous
puissiez, au premier abord, imaginer le contraire.
or
nc
de
fa
fle