88
LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
tions, celles-cin’auraient aucune valeur. Enréalité,
Ribera est le seul des peintres célèbres nés en
Espagne que l’on puisse mentionner d'une façon
positive comme ayant manié la pointe. Gravées
avec une grande liberté et dans une couleur un
peu àpre qui rappelle les peintures de l'artiste,
ces estampes méritent l'estime qu'on leur accorde
généralement, et le Poéte et le Martyre de saint
Barthelemy, les deux plus belles pièces du maître,
feraient honneur à n'importe quelle école.
Mais aprés lenom de Ribera, on n'entrouve plus
jusqu'au commencement du dix-neuvième siècle
qui jouissent de quelque renommée, et les planches
de Salvador Carmona, de Manuel Esquivel, de Fran-
cisco Muntaner, ou gravées par d’autres artistes
d’un talent non moins médiocre, ne suffisent pas
à représenter une école. Ces graveurs, qui em-
ploient toujours le burin, prennent d'ailleurs le
plus souvent pour modéles des ouvrages sans va-
leur qu'ils reproduisent séchement, et lorsqu'ils
s'adressent aux maîtres de l’art, à Velasquez, par
exemple, ils sont trop peu habiles pour trans-
mettre au métal l’aspect puissant et la couleur
harmonieuse des œuvres de l’illustre peintre Es-
pagnol. Nous sommes done contraints, pour ren-
contrer un homme d’une originalité bien carac-
térisée, d’une habileté réelle, d’arriver de suite à
Francesco Goya, à vrai dire le seul graveur dont
l'Espagne puisse être fière. Il naquit en Aragon,