LA GRAVURE EN ESPAGNE. 91
à Fuendetolos, le 30 mars 1746, et mourut à
Bordeaux le 16 avril 1828. Il fut tour à tour pein-
tre, graveur et lithographe, et son historien le plus
récent, M. Charles Yriarte, a consacré un gros vo-
lume à passer en revue ses fresques, ses tableaux
de genre, ses portraits ou ses estampes. Le nombre
en est considérable. Mais nous croyons, à en juger
par les peintures que nous avons vues et par les
reproductions qui accompagnent le volume de
M. Yriarte, que Goya gagne à être étudié comme
graveur*. Son habileté en ce genre est incontes-
table, tandis que nous croyons plusieurs de ses
portraits et quelques-uns de ses tableaux, ses ta-
bleaux religieux surtout, fort au-dessous de la
réputation qu'on prétend leur faire. Une certaine
harmonie de couleur, harmonie sombre, les dis-
tingue. Mais le dessin des figures est trop négligé,
et il semble que, de parti pris, l'artiste exclue trop
volontiers la beauté et se complaise dans des
scènes horribles. Ses estampes offrent bien les
mémes tendances. Cependant elles rachétent par
une rare entente de l'effet et une justesse de mou-
vement plus grande ce que les sujets, assez tristes
en eux-mémes, ont de repoussant et de lugubre.
Goya est le peintre de la passion et de la vie. 1l est
1 La plupart des estampes mises au jour par F. Goya sont exé-
cutées d’après ses propres dessins; cependant il en est un cer-
tain nombre qui reproduisent des portraits peints par Velasquez.
Celles-ci, gravées uniquement à l’eau-forte, donnent une idée
trés-juste des tableaux originaux.