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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE,
sceptique, railleur, toujours mécontent. La liberlé
dont il se fait l'apótre et qu'il souhaite pour sa
patrie opprimée le préoccupe uniquement. Les
massacres affreux auxquels il nous fait assister
sont l’œuvre dû despotisme et nous apparaissent,
à travers son imagination, plus horribles encore
qu’ils n’ont été en réalité.
Dans les estampes de l’artiste espagnol, le fan-
tastique joue un grand rôle et la magie du clair-
obscur fait excuser l’incorrection du dessin et des
fautes de goût faciles à saisir. Le travail particu-
lier du graveur, qui consiste à mélanger habile-
ment l'aquatinte et l'eau-forte, est d'ailleurs fort
intéressant. Aucun arliste n'avait su, avant lui,
tirer de ces deux procédés, venant au secours l’un
de l'autre, un aussi bon parti, et Goya restera
comme le seul graveur de talent que l’Espagne
ait constamment inspiré. Il vivra aussi parce qu’il
a introduit dans l'art de la gravure un procédé
nouveau qu'avait pressenti, mais que n'avait pas
utilisé Rembrandt lui-même, le maître du clair-
obscur, le prince de l’eau-forte.