104 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
inventait et. que l'allure matérielle de son. burin
n'éprouva pas non plus de transformation sen-
sible. L'expérience et la pratique le rendirent,
cela se concoit, de plus en plus maitre de son ou-
til ; mais il conserve le méme goüt de dessin de-
puis ses premières planches jusqu’à ses dernières.
Prenant ses modèles dans ce qu'il avait habituel-
lement sous les yeux, il n’a pas craint de donner
à la reine de Saba, à Esther, à Dalila les costumes
de la classe riche de la société hollandaise, et le
sentiment inné d’élégance dont il était doué lui à
fourni un type singulièrement distingué, bien
plus près de la beauté que tous ceux des autres
maîtres de son temps. Son Ecce homo peut étre re-
gardé comm une des pièces les plus importantes,
au point de vue de l'art, qu'il ait jamais imaginées.
Elle offre aussi un intérét d'un autre ordre. La
scéne se passe sur la place publique d'une ville
flamande, toute bordée de maisons à pignons, et
le graveur, peu préoccupé de la vérité historique,
alors encore assez indifférente, a vêtu les bourreaux
et les spectateurs à la mode de son époque. Et il
faut lui en savoir gré, parce qu'en agissant ainsi
il nous a légué un document fort important pour
l'histoire des costumes et des moeurs néerlandais
pendant la première partie du seizième siècle.
Quoique préférant d’ordinaire les sujets religieux
ou d’un caractère élevé, Lucas de Leyde ne dédai-
gna pas non plus de traiter des scènes intimes