LA GRAVURE DANS LES PAYS-DAS. 117
Rembrandt eut des imitateurs ; mais il ne forma
pas à vrai dire des élèves, si l’on entend par ce
mot ceux qui suivent pas à pas la manière du
maître et cherchent à la contrefaire jusque dans
ses moyens d'exécution. Trop original d'ailleurs
pour se préter à une imitation servile, pour four-
nir autre chose qu'une inspiration, son génie pri-
mesautier pouvait seulement faire naître et exciter
chez quelques graveurs le désir de suivre la voie
qu’il avait ouverte. Aussi J. Livens, Ferdinand Bol
et Van Uliet, en cherchant à se conformer stric-
tement aux exemples du maître, restèrent loin de
leur modèle et n’obtinrent au résumé qu’une répu-
tation médiocre. L'infériorité de ces artistes est
manifeste lorsque, s'attaquant directement aux
ceuvres du maitre, ils cherchent à reproduire les
beautés qui les distinguent, à en rendre l'aspect
à l'aide de procédés analogues. Ces trois imitateurs
gravérent plusieurs fois les compositions de Rem-
brandt, et non sans talent; ils ne déployérent méme
jamais plus de savoir que lorsqu'ils ne purent
S'écarter du sentier frayé par l'illustre maitre.
Quant aux compositions qu'ils inventérent et
qu’ils reportèrent sur le cuivre, elles offrent
quelquefois, à cóté de l'intention évidente d'imiter
Rembrandt, une exagération dans le dessin qui
nuit aux figures, et alors que le maitre, en face
des types les plus vulgaires et les plus bas, restait
grand et poétisait les moindres sujets, eux, ses