LA GRAVURE DANS LES PAYS-BAS. 119
Ostade eut une existence beaucoup moins acci-
dentée ; il occupe aussi comme graveur une place
plus importante. Doué d'un talent exceptionnel
quil mit au service des scénes intimes de son
pays, il grava un grand nombre d'estampes qui
plaisent surtout par l'esprit et. l'animation des
figures. Tantót gais et joyeux, tantót occupés et
attentifs aux soins du ménage, ses personnages
font bien ce qu'ils font; leurs gestes sont justes,
leurs physionomies vraies; ils agissent, ils vivent,
ils expriment à ravir ce qu'ils veulent dire ou
représenter. Cette science, qui consiste à montrer
clairement ee qu'on veut montrer, Ostade la pos-
séda au plus haut degré, et quand c'est un artiste
coiffé d’un haut bonnet peignant dans son atelier
qu'il met en scène, il fait toucher du doigt l’at-
tention que ce personnage apporte à son travail,
le soin avec lequel il couvre sa toile.
Bien loin de leur modéle restérent les imita-
teurs d’Ostade. Corneille Dusart dessina lourde-
ment, et les types de ses figures ont encore plus
de trivialité que chez ses autres contemporains.
Il est curieux de noter que ces Hollandais, qui
donnaient à la physionomie un si vif accent de
vérité, n’aient jamais su exprimer la jeunesse;
leurs amoureux, hommes et femmes, sont ridés et
laids à faire peur; les enfants qu'ils font jouer
autour de leurs parents sont vieillots et ramassés ;
leurs mouvements seuls annoncent le jeune âge.