120 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE,
Quant à la beauté et à l’élégance des types, il ne
faut pas les chercher dans ces petits maîtres
hollandais ; jamais ces artistes n’y songérent. Cor-
neille Bega est un autre disciple d'Ostade, qui,
pas plus que €. Dusart, ne s’éloigna de la route
du maitre. Ce qu'il aimait, lui aussi, à repré-
senter, ce sont des paysans attablés dans des
cabarets, ou bien devisant à la porte d’une
auberge, ou vaquant aux soins du ménage; mais
sa pointe n’a pas la finesse de celle d’Adrien Van
Ostade; elle est dure quelquefois, et les physio-
nomies de ses gueux sont loin d'avoir toute la pre-
cision désirable.
Une observation doit trouver place ici. Comme
nous l'avons dit, les artistes qui vivaient en
Hollande au dix-septiéme siècle ne cherchaient
à donner aucune beauté à la figure humaine. En
revanche, toute une catégorie d'arlistes, égale-
ment habiles au pinceau et à la pointe, s'appliqua
à représenter les animaux sous leur aspeet le plus
beau, le plus noble. De ces maîtres, Paul Potter est
le plus considérable; il sut donner aux bêtes qu’il
dessina, peignit ou grava, une grandeur, une tour-
hure inconnue avant lui; sans transiger jamais
avec l'exactitude correcte des formes, i1. ennoblit
son modéle, le poétisa, pour ainsi dire. Dans son
œuvre gravé, il est tel cheval de la Frise qui,
pour la largeur de l’exécution, rivalise avec les
productions des écoles chez lesquelles précisément