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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
du peintre à manier l’eau-forte! L'exécution
pleine d'inexpérience ne nuit point à la précision
des formes. Malgré son aspect sali, cette planche
est parfaitement digne de l'attention des amateurs.
Karel Dujardin, cela se devine, affectionnait la vie
des champs. Tant qu'il resta dans son pays, il fut
disciple studieux de Paul Potter ; il coucha sur le
cuivre nombre d'animaux dont il nous fait con-
naître les habitudes, dont il souligne le tempéra-
ment. Simplement paresseux, les uns dorment
d’un sommeil profond, étendus sur le dos ou vau-
trés dans la fange ; les autres, accoutumés au
travail, ruminent en paix ou broutent noncha-
lamment l’herbe du champ. La pointe de Dujardin
est nette ; les contours sont indiqués avec habileté
et finesse, et, dans les œuvres de ce maître, rien
ne trahit jamais la fatigue ou la peine. Un jour
cependant, sous prétexte d’accompagner un ami
qui part pour Livourne, Karel Dujardin s’embarque
et fait route pour l'Italie. La vue. des montagnes
etles horizons de la campagne romaine l'impres-
sionnent et l'attirent, et, qui s’y füt attendu! anima-
lier en Hollande, il devint en Italie paysagiste à la
recherche du style. Certes ses paysages italiens
ne manquent pas d'ampleur; il est fácheux que
leur composition ne soit pas toujours heureuse,
et le travail, de plus, en est bien pénible. On ne
se transforme pas aisément, et Dujardin, qui,
chez lui, produisait si facilement les choses au