LA GRAVURE DANS LES PAYS-DAS. 125
milieu desquelles il vivait, se trouva faible et inti-
midé en présence de la nature grandiose des en-
virons de Rome.
L'exeniple de Karel Dujardin fut imité, et quel-
ques paysagistes, après avoir étudié en Hollande,
se rendirent en Italie. Toutefois ces excursions
lointaines furent moins funestes qu’on aurait pu
le craindre, parce que les artistes qui les accom-
plirent ne s’éloignèrent de leur pays que lorsqu'ils
furent assez instruits de leur art pour profiter des
enseignements de la nouvelle nature qu’ils allaient
voir. À cette émigration, Jean Both, le plus cé-
lébre de ces transfuges, gagna le surnom de Both
d'Italie. Il était né à Utrecht en 1610. Il parcourut
en compagnie de son frère André Both, avec lequel
il travailla presque toujours, la France d’abord,
puis l’Italie, où il fit un trés-long séjour. N'est-il
pas curieux d'observer que ce fut à travers les ou-
vrages d'un artiste francais, de Claude Gellée, qu'il
comprit la nature italienne? Mais, autre remarque
intéressante, les eaux-fortes de Jean Both, bien
moins que ses tableaux, trahissent l'influence du
maître lorrain. Pour ses gravures on sent qu'il
reçut ses impressions non plus de seconde main,
mais de la nature directement ; aussi est-ce avec
un sentiment trés-sincére de la vérité qu'il grava
ces vastes horizons bornés de hautes montagnes,
égayés par de grands arbres et par des fabriques
restées historiques; sa pointe pittoresque s'ac-