150 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
aurons examiné les œuvres de ceux qui s'inspi-
vérent exclusivement, ou à peu prés, de Rubens,
et qui réussirent à faire passer sur le cuivre les
qualités du maître, nous regretterons beaucoup
moins que celui-ci n'ait pas laissé de plus nom-
breux témoignages de ses aptitudes de graveur.
Le plus habile des artistes formés à l’école de
Rubens, Schelte à Bolswert, naquit à Bolswert, en
Frise, vers 1586. Avec son frère, Boèce à Bolswert,
artiste d’un moindre talent, d’une réputation
moindre aussi, il vint étudier la gravure à Anvers,
où il fut le condisciple de Paul Pontius. C’est le
premier qui ait songé à faire rendre à la gravure
au burin autre chose que la sèche représentation
d'une peinture; c'est-à-dire que, prenant pour
modèle des tableaux dans lesquels les caractères
de la vie surabondaient, où l’harmonie et l’éclat
des couleurs étaient poussés aussi loin que possi-
ble, il ne craignit pas de chercher à faire exprimer
à sa gravure précisément la vie et la richesse de
coloris contenues dans les œuvres qu’il tradui-
sait. Il y réussit pleinement. Maitre absolu du
procédé, à l'aide de tailles savamment disposées,
distribuées avec art, il obtint les effets les plus
pittoresques. Tout ce qui se trouve en pleine lu-
mière est ménagé avec délicatesse ; le blanc du pa-
pier se charge de le faire ressortir ; des tailles plus
ou moins espacées, et souvent terminées par des
points, modèlent les masses, affirment les contours