LA GRAVURE EN FRANCE. 259
emploie dans le méme but une série d'artistes qui
semblent beaucoup trop se préoceuper de l’art ger-
main, et qui exécutent malgré cela des gravures
intéressantes ; Guillaume Eustache, Guillaume
Godart et François Regnault suivent, eux aussi,
l’impulsion et publient quelques livres curieux ;
mais n'ayant pas à leur disposition des artistes
aussi habiles que leurs devanciers, leurs éditions
s’en ressentent. Enfin l’industrie envahit bientôt
l’art, le dénature, l’altère, et le besoin du bon
marché enfante des ouvrages qui ne rappellent
plus que de loin les productions antérieures.
Fort heureusement le seizième siècle com-
mence, et l’art profite largement de ce désir de
renouvellement qu’on a si bien exprimé par le
nom de Renaissance. Autant qu'aucun autre pays,
plus peut-étre, la France y prend une part ac-
tive. Les sculpteurs, Jean Goujon et Germain
Pilon, les architectes Bullant, Philibert Delorme
et Pierre Lescot; les peintres Jean Cousin et les
Clouet donnent à l’art français un lustre jus-
que-là inconnu. La gravure ne resta point en ar-
rière. Guidés par ces maîtres, les graveurs sur bois
acquièrent, dans leur sphère plus modeste, une
habileté au moins égale à celle de leurs voisins.
Assurément, ils taillent le bois avec antant de légè-
reté et de finesse, et ayant sous les yeux des modé-
les excellents, ils s'accoutument à les copiertrès-
fidèlement, portant l’abnégation jusqu’à sacrifier